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par exemple, font-ils œuvre naïve et, grâce aux paroles des prophètes, ils ne peuvent que constater, ce qui est puéril, l’existence chez Israël de possesseurs et de pauvres. S’ils examinaient impartialement même les codes et les préceptes judaïques, ils reconnaîtraient que législation et morale recommandaient de ne jamais prélever d’intérêt sur les prêts[1]. À tout prendre même, les Juifs furent, en Palestine, les moins commerçants des sémites, bien inférieurs en cela aux Phéniciens et aux Carthaginois. C’est seulement sous Salomon qu’ils entrèrent en relation avec les autres peuples ; encore, en ce temps-là, c’était une puissante corporation de Phéniciens qui pratiquait le change à Jérusalem. Du reste, la situation géographique de la Palestine ne permettait pas à ses habitants de se livrer à un trafic très étendu et très considérable. Cependant, pendant la première captivité, et au contact des Babyloniens, une classe de com-

  1. « Tu ne prêteras point à intérêt à ton frère, ni argent, ni vivres, ni quoi que ce soit ; tu pourras prêter à intérêt à l’étranger (Nochri) ». Deutéronome, XXIII, 19, 20.
      Nochri veut dire l’étranger de passage ; l’étranger qui réside, c’est le guer.
      « Quand ton frère sera devenu pauvre et qu’il te tendra ses mains tremblantes, tu le soutiendras, même l’étranger (guer) qui demeure dans le pays, afin qu’il vive avec toi. Tu ne tireras de lui ni intérêt, ni usure. » Lévitique, XXV, 35.
      « Jéhovah, qui est-ce qui séjournera dans ton tabernacle ? Celui qui ne prête pas son argent à intérêt ». (Psaume XV, 5). Même à un non Juif, ajoute le commentaire talmudique. (Maccoth, 1. XXIV)
      (Voir encore Exode, XXII, 25. Philon, de Charitate : Josèphe, Antiquit. Jud., 1. IV, chap. VIII ; Selden, 1. VI. chap. IX.