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dont elle a pratiqué, jusqu’à la révolution, les rites et les usages religieux. Cette union était si intime que les évêques de Paris avaient, au XIIIe siècle, un appartement à Saint-Victor. Quelques actes de cette époque se terminent par cette phrase : Fait à Saint-Victor, dans la cour de l’Évêque.

Cette affection des évêques de Paris pour l’abbaye de Saint-Victor, explique comment plusieurs d’entre eux ont préféré être inhumés dans l’église de cette communauté que dans la cathédrale. Les évêques qui furent enterrés à Saint-Victor, sont Étienne de Senlis, mort en 1142 ; Maurice de Sully, mort en 1196 ; Guillaume d’Auvergne, en 1248 ; Renaud de Corbeil, en 1268 ; Guillaume de Beaufet, mort en 1319, et Guillaume de Chanac, mort en 1348. L’église Saint-Victor, réparée en 1443 par les soins de Jean de la Masse, trentième abbé, et par les libéralités de Charles VII, fut presqu’entièrement rebâtie sous le règne de François Ier. On ne conserva des anciennes constructions que le portail, le clocher et la crypte souterraine. Michel Boudet, évêque de Langres, Jean Bordier, abbé de Saint-Victor, posèrent, le 18 décembre 1517, les premières pierres de la nef et du chœur. Le bâtiment de l’église était si avancé en 1538, que Jacques, évêque de Calcédoine, vint au mois de juillet de cette année y bénir quatre autels. Le portail qui datait des XIIe et XIIIe siècles fut abattu et reconstruit sur de nouveaux dessins en 1760. C’est en cet état que l’église de Saint-Victor est arrivée jusqu’à la révolution. Le cloître, aussi ancien que le premier portail de l’église, était percé, à l’intérieur, de petites arcades supportées par des groupes de colonnettes d’un aspect délicieux. — La bibliothèque passait pour une des plus curieuses de Paris. Elle contenait plus de vingt mille manuscrits, parmi lesquels on distinguait une belle Bible du IXe siècle et un Tite-Live du XIIe siècle. On y voyait aussi un Coran dont un ambassadeur turc reconnut l’authenticité dans le siècle dernier, en le baisant et en écrivant un certificat sur le premier feuillet. — Peyresc affirme avoir vu, à Saint-Victor, un recueil manuscrit renfermant tous les détails du procès de Jeanne d’Arc. Ce travail avait été exécuté par ordre de l’abbé de Saint-Victor, qui vivait du temps de cette héroïne. L’abbaye Saint-Victor fut supprimée en 1790. Nous indiquerons, à la fin de cet article, l’emploi qu’on a fait des vastes terrains qui dépendaient de cette communauté célèbre.

2e Partie. — Ancienne Halle aux Vins.

« Bureau de la ville. — 12 mai 1664. (Ordonnance.) — Veu nostre procès-verbal des 17 et 18 avril dernier contenant la réquisition du sieur de Charamande et consorts intéressez en l’établissement d’une halle aux vins pour les marchands forains ; la descente par nous faite sur deux chantiers acquis par les susnommés hors la porte Saint-Bernard pour y construire la dite halle, le plan à nous présenté, ensemble le rapport, en conséquence de la permission accordée par sa majesté aux dits sieur de Charamande et consorts de faire bastir quelques halles aux endroits les plus commodes de ladite ville pour retirer à couvert les vins des marchands forains ayant à cet effect acquis deux chantiers hors la porte Saint-Bernard, des abbé, prieur et religieux du couvent de Saint-Victor et de la dame de La Fayette, etc. — Avons ordonné que les bâtiments et autres ouvrages à faire en ladite halle aux vins, seront construits en la manière et ainsi qu’il est porté audit rapport. »

Cette première halle aux vins était située à l’angle du quai Saint-Bernard et de la rue des Fossés du même nom.

3e Partie. — Communauté des Marchands de vins.

De graves abus paralysaient anciennement le commerce des vins. Henri III y porta remède par un édit du mois de mars 1577 qui fixa l’établissement des marchands de vins. Les statuts dressés par cette communauté furent enregistrés au Parlement, le 6 août 1588. Ils ont été confirmés par Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Les gardes et maîtres jouissaient des mêmes droits et privilèges acquis aux six corps marchands. Ils obtinrent pour armoiries, en 1629, un navire d’argent à bannière de France, flottant avec six petites nefs autour, et une grappe de raisin en chef sur un champ d’azur. Le droit de réception avait été fixé en 1776 à 600 livres. Le brevet d’apprentissage coûtait 12 livres.

4e Partie. — Nouvelle halle aux vins.

« Au palais de Saint-Cloud, le 30 mars 1808. — Napoléon, etc. Article 1er. Il sera formé dans notre bonne ville de Paris un marché et un entrepôt francs pour les vins et eaux-de-vie, dans les terrains situés sur le quai Saint-Bernard. — Art. 2e. Les vins et eaux-de-vie conduits à l’entrepôt conserveront la facilité d’être réexportés hors de la ville sans acquitter l’octroi. — Art. 3e. Cette exportation ne pourra avoir lieu que par la rivière, ou par les deux barrières de Bercy et de la Gare. Dans ce cas les transports devront suivre les quais et sortir en deux heures. — Art. 4e. Les vins destinés à l’approvisionnement de Paris n’acquitteront les droits d’octroi qu’au moment de la sortie de l’entrepôt. — Art. 5e. L’entrepôt sera disposé pour placer tant à couvert qu’à découvert jusqu’à 150,000 pièces de vin. — Art. 6e. Notre ministre de l’intérieur nous soumettra d’ici au 1er juin l’aperçu des dépenses que pourraient exiger l’achat des terrains, et les devis des constructions à faire etc… Signé : Napoléon. »

« Au palais des Tuileries, le 24 février 1811. — Napoléon, etc. Article 32e. Conformément à notre décret du 30 mars 1808, l’entrepôt des vins sera construit dans les terrains situés sur le quai Saint-Bernard, entre les rues de Seine et des Fossés-Saint-Bernard. —