Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/680

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les directeurs s’assembleront au moins deux fois la semaine pour délibérer et résoudre pour le bien général du d. hospital, et seront outre ce tenus de veiller incessamment à ce que les pauvres et les biens du d. hospital soient toujours entretenus et administrez avec assiduité et économie. — Art. 23e. Il sera tenu un registre des délibérations de chaque séance, signé et paraphé par celui qui présidera, et par trois des plus anciens présens, sans qu’il en puisse estre donné copie ou extraits, que par ordre de la compagnie. — Art. 24e. Pourront les directeurs choisir un receveur et un greffier du d. hospital, soit bourgeois ou à gages, restituables à volonté. — Art. 25e. Pour la plus grande facilité de la direction, soulagement et bien des pauvres, les employs et commissions seront partagez et distribuez à chacun selon leurs talents dont ils tâcheront de s’acquitter avec zèle pour en rendre compte à chaque séance… Donné à Paris le 27 avril 1656. Signé, Louis. »

L’édit du roi fut enregistré au parlement le 1er septembre suivant. Le cardinal Mazarin donna 1,000 livres, et par son testament, une somme de 60,000 livres. Le président de Bellièvre fit présent à l’Hôpital-Général de 20,000 écus par contrat sur la ville.

Les établissements indiqués dans l’édit du roi n’étant pas suffisants pour loger le grand nombre de malheureux qui affluaient dans la capitale, Libéral Bruant, architecte, fut chargé d’élever de vastes constructions sur l’emplacement de la maison de la Salpêtrière, que le roi avait destinée aux pauvres. De tous les immenses bâtiments de cet hôpital, l’église, dédiée à saint Louis, est sans contredit le plus remarquable. Cet édifice, couvert d’un dôme, consiste en un plan circulaire de 30 m. de diamètre. L’intérieur est percé de huit arcades qui communiquent à quatre nefs et à quatre chapelles dédiées à la Vierge, au bon Pasteur, à saint Vincent de Paul et à sainte Geneviève. Ces nefs et ces chapelles, disposées en rayons, aboutissent au centre de l’église, où s’élève l’autel principal. La disposition est si heureuse, que, du milieu du dôme, l’œil embrasse à la fois tout l’édifice sous huit côtés différents.

En sortant de l’église, à droite et à gauche, se développe un bâtiment d’une grande étendue. Deux voûtes ou passages conduisent dans les différentes divisions de la Salpêtrière ; mais les constructions élevées à diverses époques ne présentent point à l’œil un plan régulier. La façade seule de l’établissement est d’une architecture uniforme.

« Le 16 mai 1657, dit un historien contemporain, les magistrats firent publier aux prônes de toutes les paroisses de Paris, que l’Hôpital-Général seroit ouvert pour tous les pauvres qui voudroient entrer de leur propre volonté, et défense fut faite à cri public à tous les mendiants de demander l’aumône dans Paris. La messe du Saint-Esprit fut chantée le 13 dans l’église de la Pitié, et le lendemain les pauvres furent enfermés. »

Notre-Dame-de-Pitié, Saint-Louis-de-la-Salpêtrière, Saint-Jean-de-Bicêtre et Sainte-Marthe-de-Scipion, reçurent environ cinq mille pauvres, et quelque temps après leur nombre s’éleva jusqu’à dix mille, en y comprenant les Enfants-Trouvés.

Dans la Salpêtrière furent enfermées, outre les enfants au-dessous de quatre ans, les femmes caduques, aveugles, estropiées, paralytiques, écrouellées, insensées, etc…

Lors de la fondation de l’Hôpital-Général, un recteur et vingt-deux prêtres y étaient attachés. Cette direction du spirituel avait été offerte aux missionnaires de Saint-Lazare ; mais ils la refusèrent par l’organe de saint Vincent-de-Paul, leur supérieur général. En l’absence de l’archevêque de Paris, ses grands-vicaires nommèrent pour recteur Louis Abelly, qui devint plus tard évêque de Rhodez. Sa majesté désigna, de son côté, pour la gestion de l’établissement, vingt-six personnes, avec le titre de directeurs perpétuels, et pour chefs de la direction, le premier président du parlement et le procureur-général. Par une déclaration expresse du roi, en date du 29 avril 1673, l’archevêque de Paris fut adjoint comme chef ; et en 1690, le premier président de la chambre des comptes, celui de la cour des aides, le lieutenant-général de police et le prévôt des marchands furent aussi nommés chefs. Indépendamment de ces magistrats, on créa un receveur et un secrétaire.

Avant 1789, cet hospice contenait des femmes indigentes et des détenues à titre de correction ou de sûreté ; des femmes et des filles enceintes, des nourrices avec leurs nourrissons, des enfants mâles depuis l’âge de sept à huit mois jusqu’à celui de quatre à cinq ans, des vieillards, des folles furieuses, des imbéciles, des épileptiques, des aveugles, des paralytiques, des teigneuses, des estropiées, des incurables de toute espèce, des enfants scrofuleux, etc.

Les documents suivants, que nous devons à l’obligeance de M. Censier, directeur actuel, compléteront l’article que nous avons consacré à l’hôpital de la Salpêtrière, connu aujourd’hui sous le nom d’hospice de la Vieillesse (femmes).

Destination de l’établissement.

L’hospice de la Vieillesse (femmes) est destiné à recevoir :

1o Sous le titre de reposantes, les surveillantes, sous-surveillantes et filles de service admises à la retraite après trente ans de service et à soixante ans d’âge ;

2o Les indigentes valides âgées de soixante-dix ans au moins, ou bien atteintes d’infirmités incurables ;

3o Les aliénées et les épileptiques.

L’établissement se partage en cinq divisions et quinze sections.