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L’ensemble de ce monument a occasionné une dépense de 535,000 fr.

Victor (place Saint-).

Située rue Saint-Victor, derrière la halle aux Vins. Pas encore de numéro. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Elle a été formée en 1838, sur les terrains provenant de l’ancienne abbaye Saint-Victor et vendus par la ville de Paris. L’alignement de cette place avait été déterminé par une ordonnance royale du 22 juin 1837. — Cette voie publique dénommée en vertu d’une décision ministérielle du 21 juin 1844, est ornée d’une plantation d’arbres. Les propriétés sont alignées. — Conduite d’eau.

Victor (rue des Fossés-Saint-).

Commence à la rue Saint-Victor, nos 77 et 79 ; finit aux rues Mouffetard, no 1, et Descartes, no 53. Le dernier impair est 41 ; le dernier pair, 38. Sa longueur est de 375 m.12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue a été ouverte sur l’emplacement des fossés qui entouraient les murs de clôture de Philippe-Auguste. Au fond des cours des maisons portant les nos 18, 20, 26 et 28, on distingue encore quelques vestiges de ces murs bâtis de 1190 à 1212. — Au XVIIe siècle, de la rue Clopin à celle Fourcy, elle portait le nom de rue des Prêtres-de-la-Doctrine-Chrétienne. En 1793, la rue des Fossés-Saint-Victor prit le nom de rue Loustalot, qui rappelait l’auteur des Révolutions de Paris, ouvrage publié par Prudhomme. — Une décision ministérielle du 2 thermidor an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 12 m. Les propriétés nos 11, 35, 39, 41 ; de 2 à 18, partie du no 22, et de 24 à 32 ne sont pas soumises à retranchement. — Égout entre les rues Saint-Victor et Clovis. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Au no 23 était la principale entrée du couvent des Religieuses-Anglaises. Ces chanoinesses réformées de l’ordre de Saint-Augustin, vinrent en France en 1633. Elles obtinrent, au mois de mars de cette année, des lettres-patentes registrées le 31 août 1635, par lesquelles le roi leur permettait de s’établir à Paris ou dans les faubourgs. Elles se rendirent d’abord au faubourg Saint-Antoine, ensuite sur les fossés Saint-Victor. Marie Tresdurai, leur abbesse, obtint de nouvelles lettres-patentes au mois de mars 1655, qui les autorisaient à recevoir des religieuses françaises. Les bâtiments de ce monastère avaient appartenu à Jean-Antoine Baïf, poète et musicien célèbre au XVIe siècle. Le roi Charles IX, passionné pour la musique, assistait une fois par semaine aux représentations de Baïf, qui avait été autorisé à donner à son spectacle le nom d’Académie de Musique. — Le couvent des Anglaises qui contenait 12,978 m. 60 c. de superficie, fut supprimé en 1790. Les bâtiments ont été vendus en trois lots le 17 vendémiaire an VIII. Ces religieuses ayant racheté, vers 1815, une partie de leur ancien couvent, l’occupent encore aujourd’hui.

Aux nos 25 et 27 était situé le collége des Écossais. David évêque de Murray, en Écosse, avait placé, en 1323, quatre boursiers écossais au collége du cardinal Lemoine. Jean, évêque de Murray, par acte du 8 juillet 1633, lui succéda dans ses droits à cette pieuse fondation. Il retira ces boursiers du collége du cardinal Lemoine, et les plaça dans une maison rue des Amandiers, qui fut aussi érigée en collége. Dans la suite, par l’effet du schisme d’Angleterre, on vit arriver en France un grand nombre de jeunes Écossais. Touché de leur situation, Jacques de Bethown, archevêque de Glascow et ambassadeur d’Écosse en France, forma une communauté de prêtres écossais. Il sut intéresser en leur faveur la reine Marie Stuart. Cette princesse ne cessa de les protéger, même pendant sa longue captivité, et leur fit un legs considérable. Jacques de Bethown y ajouta le don de tous ses biens. Le 29 août 1639, l’archevêque de Paris réunit cette communauté au collége de la rue des Amandiers. En 1662, Robert Barclay qui en était principal, acheta un emplacement sur les fossés Saint-Victor et y fit bâtir une maison qui a réuni la double destination de séminaire et de collége. Dans la chapelle de ce séminaire, on voyait une urne en bronze doré qui contenait la cervelle de Jacques II, roi d’Angleterre. C’était un monument de l’attachement et de la reconnaissance du duc de Perth. Ce collége, et celui des Irlandais, furent supprimés en 1792. Par arrêtés des 19 fructidor an IX, 24 vendémiaire et 3 messidor an XI, et 24 floréal an XIII, ils ont été établis dans la maison no 3 de la rue des Irlandais, et placés sous la surveillance de l’Université, par décision du gouvernement du 11 décembre 1808.

Le spirituel auteur des Essais Historiques sur Paris, Saint-Foix, demeura dans une maison de la rue des Fossés-Saint-Victor, située en face du collége des Écossais.

Au no 37 on voyait le couvent des Prêtres de la Doctrine Chrétienne. César de Bus avait institué, dès 1562, cette congrégation. Pusieurs établissements de cette règle existaient déjà dans les provinces, lorsque Jean-François de Gondy, archevêque de Paris, reçut en 1628, dans cette capitale, quelques religieux de cet ordre. Antoine Vigier, supérieur de la communauté, ayant, le 16 décembre 1627, acheté de Julien Joly, une maison spacieuse appelée l’hôttel de Verberie, y fit construire le bâtiment qu’on nommait la maison de Saint-Charles. Cette congrégation, qui était anciennement unie à celle des Somasques en Italie, avait pour objet de former des séminaires pour l’instruction des jeunes gens qui se destinaient au sacerdoce. L’église était dédiée à Charles Borromée. Cette maison, qui contenait en superficie 11,143 m, fut supprimée le 5 avril 1792. Devenue propriété nationale elle a été vendue le 19 messidor an IV.