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lieux, conseiller d’état, fut élu prévôt des marchands de la ville de Paris le 16 août 1758. Il cessa d’occuper cette importante fonction le 16 août 1761.

Victoire (rue de la).

Commence à la rue du Faubourg-Montmartre, nos 51 et 53 ; finit à la rue de la Chaussée-d’Antin, nos 62 et 64. Le dernier impair est 47 ; le dernier pair, 61. Sa longueur est de 630 m.2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Vers 1680, c’était la ruellette aux marais des Porcherons. En 1734, la ruelle des Postes. Plus tard elle prit le nom de rue Chantereine.

« Séance du 8 nivôse an VI. — L’administration centrale du Département considérant qu’il est de son devoir de faire disparaître tous les signes de royauté qui peuvent encore se trouver dans son arrondissement. Voulant aussi consacrer le triomphe des armées françaises par un de ces monuments qui rappèlent la simplicité des mœurs antiques. Ouï le commissaire du Pouvoir Exécutif, arrête que la rue Chantereine prendra le nom de rue de la Victoire. » (Registre 18, page 86.) — Une décision ministérielle en date du 3 ventôse an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En 1816, elle reprit le nom de rue Chantereine.

« Paris, le 25 novembre 1833. Monsieur le préfet. J’ai pris connaissance de la lettre du 21 octobre dernier, par laquelle vous proposez de rendre à la rue Chantereine le nom de rue de la Victoire, qu’elle reçut de l’autorité municipale, à l’époque où Napoléon, général en chef de l’armée d’Italie, vint habiter l’hôtel qu’il possédait dans cette rue, lorsqu’il apporta au Directoire le traité de Campo-Formio. Cette dénomination, qu’elle a conservée jusqu’en 1816, était un hommage rendu à la mémoire d’un grand homme, et je ne puis qu’applaudir à la proposition que vous avez faite de la rétablir. Recevez, etc… Le ministre du commerce et des travaux publics ; signé A. Thiers. » — Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception de la maison no 39, et de la propriété située sur le côté des numéros pairs, à l’encoignure de la rue de la Chaussée-d’Antin. — Portion d’égout. — Conduite d’eau dans plusieurs parties. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

L’hôtel que possédait autrefois le général Bonaparte se trouve aujourd’hui compris dans le magnifique établissement connu sous le nom de Néothermes, et portant le no 48.

Victoires (place des).

Située à l’extrémité de la rue Croix-des-Petits-Champs. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 12. — Les nos 1, 2 et 4, sont du 4e arrondissement, quartier de la Banque ; le surplus dépend du 3e arrondissement, quartier du Mail.

La place des Victoires n’a pas eu l’honneur de connaître, comme sa sœur aînée, la place Royale, les beaux cavaliers, les grandes dames du siècle de Louis XIII.

Elle n’a point, comme la place de la Concorde, cette courtisane de tous les régimes, de candélabres étincelants de dorures, de fontaines aux panaches élégants ; des palais, des jardins, un fleuve, pour limites. Mais aussi on lui a épargné peut-être en faveur de sa glorieuse dénomination, les horribles spectacles de la Terreur.

On ne peut lui reprocher, comme à la place du Châtelet, d’avoir prêté ses dalles pour la vente du mobilier de l’artisan, ni d’avoir été, comme la place de Grève, la très humble servante du bourreau.

La place des Victoires est fille d’un noble gentilhomme, et son histoire rappelle de glorieux souvenirs. François, vicomte d’Aubusson, duc de la Feuillade, pair et maréchal de France, plein d’enthousiasme pour le génie de Louis XIV, voulut laisser à la postérité un monument durable de sa reconnaissance et de son admiration pour le grand roi. Il fit d’abord sculpter la figure en marbre de Louis XIV qu’il se proposa de placer dans un endroit très apparent. En 1684, le duc de la Feuillade acheta l’hôtel de la Ferté Sénectère qu’il fit entièrement démolir pour construire sur son terrain une place publique. Le prévôt des marchands voulant participer à cette œuvre de gratitude, en demanda l’autorisation à sa majesté.

Arrêt du Conseil. — « Le roi ayant consenti qu’il soit fait une place dans la maison du duc de la Feuillade qui sera appelée place des Victoires, pour y mettre la figure de sa majesté, que ledit sieur duc de la Feuillade a pris soin de faire faire à ses propres frais et dépens, et que les prevost des marchands et échevins de sa bonne ville de Paris qui ont désiré fournir ladite place, donnent audit sieur de la Feuillade partie des maisons qu’ils ont acquis et eschangé, de ce qu’il convient prendre de celle dudit sieur duc de la Feuillade pour former ladite place des Victoires. Sa majesté estant en son conseil, a permis et permet auxdits prevost des marchands et échevins de Paris, de contracter avec ledit sieur duc de la Feuillade pour l’eschange à faire de la partie de sa maison et jardin qui sera par lui abandonnée pour former ladite place des Victoires, contre les places et maisons que les prevost des marchands et échevins luy fourniront pour son indemnité ; et pour l’exécution du contrat qui sera passé entre eux, toutes lettres nécessaires seront expédiées. Fait au conseil d’état du roy, sa majesté y étant, tenu à Versailles le dix-neuvième jour de décembre mil six cent quatre-vingt-cinq. Signé Colbert. » (Archives du royaume section administrative série Q, 1170.)

Un architecte, nommé Predot, fut chargé de la construction des hôtels qui devaient entourer la place.

Les bâtiments n’étaient point encore achevés, lorsque le 18 mars 1686, le duc de la Feuillade fit célébrer l’inauguration de la statue de Louis XIV.