Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/652

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Germain-en-Laye ; son palais des Tuileries, se trouvant sur la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois, elle le quitta, et en fit bâtir un autre près de l’église Saint-Eustache. « Lorsqu’on apprit, dit Saint-Foix, que c’était Laurent de Saint-Germain qui l’avait assistée à ses derniers moments, les gens infatués de l’astrologie, prétendirent que la prédiction s’était accomplie. »

Les troubles qui agitèrent la France sous le règne de Henri III ne permirent pas de continuer les constructions des Tuileries. Henri IV, devenu paisible possesseur d’un trône qu’on lui avait disputé si longtemps, crut sa gloire intéressée à faire terminer un monument qui avait déjà coûté des sommes considérables. On construisit d’abord, de chaque côté des bâtiments achevés par Delorme, et sur le même alignement, deux autres corps de logis avec deux grands pavillons, et l’on commença vers l’année 1600, la superbe galerie qui joint les Tuileries au Louvre du côté de la rivière.

Les deux nouveaux corps de logis et les deux grands pavillons ne furent achevés que sous le règne de Louis XIII, sur les dessins de l’architecte du Cerceau, qui changea la décoration primitive. On lui attribue également la construction des deux corps de bâtiment, d’ordonnance corinthienne ou composite qui font suite aux deux pavillons du milieu, ainsi que les deux grands pavillons d’angle qui terminent chaque côté de cette longue ligne de façade.

Cette réunion de bâtiments de styles si différents, devait produire ces défauts d’ensemble et de proportions qui choquent encore aujourd’hui les regards. Ainsi le pavillon du milieu qui prêtait de l’élégance à la façade du palais de Catherine de Médicis, parait écrasé par le développement actuel des constructions. L’œuvre entière du premier architecte des Tuileries se trouve rapetissée par les grands pavillons des extrémités, sous lesquelles s’affaissent également les deux pavillons intermédiaires, et plus encore les deux premiers corps de bâtiment ou galeries.

Cette irrégularité était encore plus apparente sous le règne de Louis XIV. En regardant ce palais, on pouvait y compter alors cinq espèces de dispositions et de décorations et cinq sortes de combles, sans presque aucun rapport extérieur, soit dans la distribution, soit dans le style, ou dans la conception.

Louis XIV choqué de ces disparates, voulut les dissimuler en mettant de l’accord entre ces cinq parties. Levau, architecte du roi, fut chargé de cette restauration. On lui adjoignit Dorbay, comme constructeur. Levau supprima d’abord l’escalier bâti par Philibert Delorme ; cet escalier, chef-d’œuvre de construction, occupait l’emplacement du vestibule actuel. Ensuite il changea la forme et la disposition du pavillon du milieu qui, dans le principe, était, comme nous l’avons dit, surmonté d’une coupole. Il ne conserva de l’ancienne décoration que le premier ordre à tambour de marbre ; deux ordonnances : la première corinthienne, la seconde composite, surmontées d’un fronton et d’un attique, remplacèrent une partie de la décoration qui provenait de l’architecte Delorme, et une espèce de toit quadrangulaire prit la place de la coupole. Les architectes respectèrent les deux galeries collatérales du pavillon du milieu avec les terrasses qui les surmontaient ; mais ils jugèrent convenable de changer la devanture du corps de bâtiment qui s’élève en retraite des terrasses. Aux mansardes et aux cartels, qui s’y suivaient alternativement, ils substituèrent le rang de croisées et de trumeaux ornés de gaines qui subsiste encore aujourd’hui avec un attique.

Les pavillons de chaque côté de ces deux galeries, qui sont à deux ordres de colonnes, ont été conservés en leur entier ; ces pavillons, dont les dessins sont attribués à Bullant, n’ont eu à subir d’autre changement que celui de l’attique actuel substitué aux mansardes. Leur décoration resta aussi la même, à l’exception pourtant de la sculpture qui orne le fût des colonnes. Les deux pavillons d’angle qui terminent la façade furent également respectés. La hauteur de leur premier étage est plus élevée que la façade ; la différence, qui est de 1 m. 50 c. environ, donne lieu de penser que, lorsqu’ils furent construits, on avait déjà le projet de réunir, du côté du sud, les deux palais du Louvre et des Tuileries par une galerie couverte. C’est probablement à cette différence des deux niveaux qu’il faut attribuer ces croisées montant à travers l’architrave et la frise, jusque sous la corniche, et qui produisent un effet si désagréable.

Les architectes chargés de restaurer un palais dont ils étaient forcés de respecter les constructions premières, ont eu à exécuter un travail ingrat, qu’on ne saurait juger avec sévérité. Cependant il faut le dire, la partie du milieu a seule été heureusement remaniée ; il y règne un accord de lignes assez bien entendu, et la variété des masses, des retraites et des saillies qu’on y découvre, semble y être moins l’effet d’un raccommodement fait après coup, que celui d’une combinaison originale.

2e Partie. — Jardin des Tuileries.

Le plus beau jardin public d’Athènes se nommait les Tuileries ou le Céramique. Moins grand dans l’origine qu’il ne l’est aujourd’hui, le jardin des Tuileries était séparé du château par une rue qui régnait le long de la façade, et aboutissait à peu près à l’endroit où se trouve aujourd’hui la porte d’entrée, du côté du Pont-Royal. Dans ce jardin, on voyait un étang, un bois, une volière, une orangerie, un écho, un petit théâtre et un labyrinthe. La volière, située vers le milieu du quai des Tuileries, était composée de plusieurs bâtiments. L’écho se trouvait à l’extrémité de la grande allée. La muraille qui l’entourait avait près de 4 m. de hauteur. Elle était masquée par des palissades. À peu de distance de cet écho du côté de la porte Saint-Honoré, se trouvait l’orangerie, et tout auprès s’élevait une espèce de ménagerie. Dans le bastion qui touchait à la porte de la Conférence, on avait conservé un grand