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et de tous les terrains et bâtiments, et celui des fossés qui le bordent seront divisés par plusieurs rues de largeur suffisante, formées dans la direction la plus utile et la plus convenable, conformément aux plans qui nous seront présentés et qui seront par nous agréés, etc. Donné à Versailles au mois d’avril, l’an de grâce 1788, et de notre règne le 14e. » (Extrait de l’édit portant suppression de l’Arsenal de Paris, de son gouvernement et de sa juridiction.) — Ce projet n’eut point alors de suite. Le ministre de l’intérieur, Champagny, approuva, le 20 juin 1807, le projet d’une place à l’extrémité des quais Morland et des Célestins et le percement d’une rue de 12 m. de largeur qui, partant de celle place, devait aboutir au boulevart Bourdon.

« Au palais de Bayonne, le 16 juin 1808. — Napoléon, etc… Article 1er. Le préfet du département de la Seine est autorisé à traiter au nom de notre bonne ville de Paris, avec le sieur Carpentier, dans les formes prescrites par la loi du 16 septembre 1807, de l’acquisition d’une maison dont il est propriétaire à l’Arsenal, et dont la démolition devient nécessaire pour la formation de la nouvelle rue de Sully, etc… » — L’emplacement occupé par cette rue faisait anciennement partie de la cour du grand Arsenal. — Une ordonnance royale du 21 septembre 1841 a maintenu la largeur de 12 m., en modifiant toutefois les dispositions de l’alignement ministériel. Les constructions riveraines ne sont pas soumises à retranchement. Le numérotage de cette voie publique est irrégulier.

Maximilien de Béthune, duc de Sully, l’un des ministres dont la mémoire est restée chère à la France, naquit à Rosny le 15 décembre 1560, et mourut à Villebon le 21 décembre 1641.

Sulpice (église Saint-).

Située sur la place du même nom. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

L’époque de la fondation de Saint-Sulpice a donné lieu à de nombreuses discussions. Quelques écrivains en font remonter l’origine au commencement de la seconde race ; d’autres l’ont mise au rang des paroisses les plus modernes de Paris. Nous avons déjà constaté, dans le cours de cet ouvrage, l’ancienne habitude de bâtir des chapelles ou oratoires près des basiliques. Ainsi la chapelle Saint-Symphorien était située au midi et près de l’église Saint-Vincent, depuis Saint-Germain-des-Prés. — Une semblable chapelle, sous le nom de Saint-Pierre, existait au nord de cette basilique. Cet oratoire étant devenu trop petit pour la population qui s’augmentait chaque jour, on construisit une autre chapelle sous le vocable de Saint-Sulpice. Le premier acte qui la mentionne comme paroisse, est une sentence arbitrale du mois de janvier 1210. Au XVIe siècle, le faubourg Saint-Germain avait pris un tel développement, que Saint-Sulpice ne pouvait suffire au nombre toujours croissant de ses paroissiens.

Une nef fut ajoutée, sous le règne de François Ier, et six chapelles latérales en 1614. Ces additions ne donnèrent point encore à cette église les dimensions nécessaires. En 1643, il fut arrêté dans une assemblée de marguilliers qu’un nouvel édifice serait construit. Le 20 janvier 1646, Anne d’Autriche, régente du royaume, en posa la première pierre. La construction de cette église fut commencée sur les dessins de Christophe Gamart, qui fut bientôt remplacé par Louis Leveau. Ce dernier étant mort en 1670, la direction des travaux fut confiée à Daniel Gittard. Il acheva la chapelle de la Vierge, d’après le plan de son prédécesseur, construisit le chœur, les bas-côtés qui l’environnent, les deux croisées et le portail de gauche. Mais les dettes considérables contractées par la fabrique forcèrent, en 1678, d’interrompre tout à coup les travaux. En 1683, le curé et les marguilliers présentèrent au roi une requête pour demander des secours et la permission de réunir les paroissiens, pour aviser aux moyens de payer les dettes et d’achever les bâtiments de leur église. Les travaux ne purent être repris qu’en 1718, par les soins du curé de cette paroisse M. Languet de Gergy, qui déploya dans cette grande entreprise un zèle et une activité remarquables. Il ne possédait qu’une somme de 300 livres qu’il affecta à l’achat de quelques pierres, puis il annonça pompeusement la continuation des travaux. Son exemple, ses exhortations firent le reste. Il parvint à émouvoir ses nombreux et riches paroissiens. La piété de quelques uns, peut-être la vanité de plusieurs autres, surtout l’exemple si contagieux sur les hommes, lui ouvrirent toutes les bourses. Le roi ajouta, en 1721, le bénéfice d’une loterie. Ce monument fut d’abord continué sous la conduite de Gille-Marie Oppenord, directeur-général des bâtiments et jardins du duc d’Orléans. Cet architecte avait mis en usage ces ornements capricieux dont la profusion caractérise presque tous les ouvrages exécutés sous le règne de Louis XV. Les travaux de Saint-Sulpice se trouvèrent heureusement trop avancés pour qu’il en surchargeât davantage cet édifice.

Le portail, élevé sur les dessins de Servandoni, était presque terminé en 1745. Le 30 juin de cette année, l’église fut consacrée et dédiée sous l’invocation de la Sainte-Vierge, de Saint-Pierre et de Saint-Sulpice.

La beauté du portail, son caractère noble et imposant, l’harmonie qui règne dans toutes ses parties, attestent le goût et le génie de l’architecte. La longueur de ce portail est de 118 m. Il se compose de deux ordres, le dorique et l’ionique.

Aux deux extrémités, sont deux corps de bâtiments carrés qui servent de basé à deux tours ou campanilles qui ont 70 m. d’élévation, c’est-à-dire 3 m. de plus que les tours de l’église Notre-Dame.

Il paraît que Servandoni échoua dans la composition des tours. Elles étaient moins hautes qu’elles ne le sont aujourd’hui, et n’avaient qu’une ordonnance. Le