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au moyen de l’expropriation des immeubles situés dans la rue de la Tonnellerie, depuis le no 105 jusqu’à la place de la Pointe-Saint-Eustache. — Conduite d’eau dans la plus grande partie. — Éclairage au gaz : entre les rues du Chaume et Saint-Martin (compe Lacarrière) ; surplus (compe Française).

Les habitants des quartiers traversés par cette voie publique voulant donner à M. le comte de Rambuteau un témoignage de leur reconnaissance, ont demandé à l’administration supérieure l’autorisation d’inscrire aux angles de cette rue, le nom du magistrat auquel la ville de Paris devait déjà de nombreuses améliorations. Cette autorisation a été accordée par décision royale du 2 novembre 1839.

M. Claude-Philibert Barthelot, comte de Rambuteau, conseiller d’état, pair de France, est préfet de la Seine depuis le 22 juin 1833.

Sur la façade d’une maison de cette nouvelle voie publique, au no 49, a été placé un buste de Jacques Cœur avec cette inscription :

À Jacques Cœur ;
Probité, prudence, désintéressement.

Cet homme, l’égal des princes, l’argentin de Charles VII, le soutien de la France, l’ennemi des Anglais, était fils d’un obscur marchand de la cité de Bourges. L’or du riche banquier fut aussi puissant que le fer des plus vaillants capitaines, et sans l’appui de Jacques Cœur, peut-être que Charles VII n’eût jamais reconquis son royaume.

§ II. — Établissement religieux et voies publiques renfermés dans la rue de Rambuteau.

Couvent Sainte-Avoie. — Dans un acte passé devant l’official de Paris, le samedi avant Noël de l’année 1288, il est dit : que Jean Sequence, chefcier ou capitarius de Saint-Merri avait acheté avec la veuve Constance, une maison rue du Temple (c’était alors le nom de la rue Sainte-Avoie), dans le but d’y fonder une communauté de pauvres femmes âgées au moins de 50 ans. Le même acte porte qu’ils donnèrent cette propriété avec les appartenances et dépendances, sous la condition de reconnaître pour supérieur et administrateur le chefcier de Saint-Merri. Sans appartenir à un ordre religieux, ces femmes vivaient en communauté, soumises à des statuts et règlements particuliers. Elles suivirent en 1662 la règle des religieuses Ursulines. Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 4 thermidor an V, à la charge par l’acquéreur de livrer le terrain nécessaire au percement d’une rue projetée. Cette clause a reçu son exécution et facilité le percement d’une partie de la rue dont nous nous occupons.

Dans le parcours de la rue de Rambuteau a été comprise la rue des Ménétriers. Cette voie publique, construite dès le commencement du XIIIe siècle, portait le nom de rue aux Jongleurs ; au XVe siècle, c’était la rue des Ménétriers. — Une décision ministérielle du 2 messidor an VIII, signée L. Bonaparte, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur fut portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 20 mars 1828. En 1840, la rue des Ménétriers a été élargie et confondue dans la rue de Rambuteau.

La rue de la Chanverrerie, à laquelle nous avons consacré un article spécial, a été aussi confondue en 1814, dans la rue de Rambuteau.

Rameau (rue).

Commence à la rue de Richelieu, no 71, et à la rue Lulli, no 1 ; finit à la rue Sainte-Anne, nos 56 et 58. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 8. La longueur du côté gauche est de 111 m. ; celle du côté droit, de 48 m.2e arrondissement, quartier Feydeau.

En vertu d’un arrêté du corps municipal en date du 19 avril 17792, approuvé par le Directoire du département le 12 mai suivant, le sieur Cottin fut autorisé à ouvrir sur ses terrains deux rues, l’une de 30 pieds de largeur et parallèle à celle de Louvois, l’autre de 24 pieds de largeur et en prolongement de la rue de Chabanois. Voici les motifs qui détermineront l’administration à autoriser ces deux percements : « Considérant qu’il résultera des constructions qui seront élevées sur ces deux rues, une augmentation considérable sur les produits des impositions foncière et mobilière, et sur celui des sols additionnels ; que l’accroissement des dépenses auxquelles ces deux rues donneront lieu pour l’entretien du pavé et de l’illumination, ainsi que le nétoiement, sera infiniment modique ; que d’ailleurs la nouvelle salle de spectacle que la demoiselle Montansier fait construire sur une portion des terrains dont il s’agit, exige un isolement de toute autre habitation pour prévenir les suites funestes d’un incendie ; enfin que le concours du monde et la circulation des voitures qu’occasionneront et cette nouvelle salle et celle déjà ouverte au public, dans la rue de Louvois, nécessitent des issues multipliées, etc. » — Ces percements furent immédiatement exécutés. Celui dont il est ici question fut ouvert sur une largeur de 9 m. 70 c., et reçut le nom de Rameau. — Une ordonnance royale du 16 avril 1831 a maintenu la largeur primitive de cette voie publique. Les propriétés riveraines sont alignées. — Éclairage au gaz (comp° Anglaise).

Jean-Philippe Rameau, célèbre compositeur de musique, naquit à Dijon, le 25 septembre 1683, et mourut le 12 septembre 1764.

Ramponeau (barrière).

Située à l’extrémité de la rue de l’Orillon.

Cette barrière, qui n’est décorée d’aucun monument d’architecture, doit son nom au voisinage d’une fameuse guinguette que tenait en 1760 un nommé Ramponeau. Ce cabaretier-comédien jouait des scènes si naïves, si plaisantes, que sa taverne devint bientôt le