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Louis XVI, fit élever à Buffon, du vivant du célèbre naturaliste, une statue à l’entrée du cabinet du roi, avec cette inscription :

Majestati naturæ par ingenium !

Mais, hélas ! la reconnaissance publique ne s’étendit pas au-delà de l’existence de cet homme illustre. Pendant la Terreur, un jeune colonel de cavalerie fut arrêté ; il était noble, il dut mourir. On le conduisit au supplice. En montant sur l’échafaud, le patient s’écria : « Je suis le fils de Buffon ! » « Bah !… » reprit une femme une tricoteuse qui n’avait pas compris ce nom, « la république n’a pas besoin de bouffons !… » et la tête tomba !…

À Buffon avait succédé le marquis de la Billarderie, qui émigra dès le commencement de la révolution, et le Jardin-des-Plantes, dépendant de la maison du roi, devint domaine national sous l’Assemblée Constituante ; enfin, un décret de la Convention, du 10 juin 1793, constitua et organisa cet établissement sous le nom de Muséum d’Histoire Naturelle. Il comptait douze chaires : Minéralogie, Chimie générale, Art chimique, Botanique dans le Muséum, Botanique dans la campagne, Cultures, deux Cours de Zoologie, Anatomie humaine, Anatomie des animaux, Géologie et Iconographie naturelle. Par le même décret, on instituait au Muséum une bibliothèque qu’on devait former avec tous les livres recueillis dans les établissements religieux que la nation avait supprimés. Les professeurs s’appelaient Daubenton, Brongniart, Desfontaines, de Jussieu, Portal, Mertrud, Lamarek, Faujas de Saint-Fond, Geoffroy, Vanspaendonck, A. Thouin. Ajoutez à cette riche nomenclature les noms de Lacépède, ancien collaborateur de Buffon, les deux Maréchal et les frères Redouté.

Au commencement de la révolution, Bernardin de Saint-Pierre avait été nommé intendant du Jardin-des-Plantes. Le roi Louis XVI, en confiant ce poste à l’auteur de Paul et Virginie, lui dit avec cette bienveillance ordinaire aux Bourbons : « J’ai lu vos ouvrages, ils sont d’un honnête homme, et j’ai cru nommer en vous un digne successeur de Buffon. » — Bernardin de Saint-Pierre voulut ajouter au Jardin-des-Plantes la ménagerie de Versailles. Un jour, par cette même route où tout un peuple en fureur était venu chercher le roi, la reine, le dauphin et madame Élisabeth, on vit passer, traînés dans une voiture à quatre chevaux, mollement couchés dans leur niche, le couagga, le bubale, le rhinocéros et le lion. — Le savant Chaptal, devenu ministre, s’occupa avec une véritable sollicitude du Jardin-des-Plantes. Il fit acheter la superbe ménagerie de Pembrocke, agrandir l’École de Botanique et terminer les galeries supérieures du Cabinet. Chaptal ordonna, en outre, l’acquisition des chantiers voisins pour augmenter les parcs de la ménagerie, et fit construire la galerie de Botanique. — Sous Napoléon, le Jardin-des-Plantes grandit comme grandissait la France impériale. Pendant l’invasion, on arracha au château des Tuileries un empereur ; au Musée du Louvre, on enleva ses chefs-d’œuvre les plus précieux ; à nos bibliothèques, nos manuscrits les plus rares ; à la colonne de bronze, l’homme qui était dessus ; à la France, ses provinces entières ; un seul établissement, le Jardin-des-Plantes, fut respecté. — Enfin Cuvier parut après avoir complété et fixé l’anatomie comparée ; il créa une science, celle des fossiles. Alors de nouvelles constructions devinrent indispensables. Le Cabinet d’Anatomie fut agrandi, puis ouvert pour la première fois au public ; la grande galerie devint le bâtiment principal, et l’on construisit au centre de la ménagerie la rot ondé pour les grands herbivores. — Le Jardin-des-Plantes se compose de trois parties : le jardin bas, la colline ou jardin élevé, et la vallée suisse ou ménagerie. La colline est dessinée en labyrinthe ; on y admire le cèdre du Liban, planté en 1734, par le célèbre Bernard de Jussieu. Un peu plus haut, dans une allée à gauche, on aperçoit une colonne élevée à la mémoire de Daubenton. Le sommet de cette colline est couronné par un kiosque d’où l’on découvre une partie de la capitale. Son sommet s’élève au-dessus des basses eaux de la Seine de 35 m. 45 c. Les collections de Géologie et de Minéralogie, la Galerie de Botanique ont été transférées dans les nouveaux bâtiments qui règnent le long de la rue de Buffon ; en un mot, le Jardin-des-Plantes et le Muséum sont considérés, à juste titre, comme les plus beaux établissements de l’Europe.

Plat-d’Étain (rue du).

Commence à la rue des Lavandières, nos 33 et 35 ; finit à la rue des Déchargeurs, nos 4 et 6. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 57 m. — 4e arrondissement, quartier Saint-Honoré.

Elle était complètement bordée de constructions à la fin du XIIIe siècle. On la nommait rue Raoul Lavenier. Sa dénomination actuelle lui vient d’une enseigne de l’hôtel du Plat-d’Étain. En 1489, cet hôtel appartenait à Simon et Étienne de Lille (Censive de l’Évêché). — Une décision ministérielle du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 9 décembre 1838. Les constructions du côté des numéros impairs devront reculer de 3 m. 30 c. à 4 m. 40 c. De 2 à 6, retranch. 2 m. 15 c. à 2 m. 50 c. ; 8, ret. 1 m. 80 c. ; encoignure de la rue des Déchargeurs, ret. réduit 3 m. — Conduite d’eau depuis la rue des Lavandières jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Plâtre-au-Marais (rue du).

Commence à la rue de l’Homme-Armé, nos 1 et 3 ; finit à la rue Sainte-Avoie, nos 10 et 12. Le dernier impair