Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/534

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ordonne que le dit plan sera exécuté selon sa forme et teneur, etc… Signé d’Aligre, Colbert et Villeroy. » — Aucune dénomination n’ayant été affectée par l’administration à ce prolongement, le peuple voulut y suppléer, en baptisant toute la rue à sa manière. Son nom, à lui, c’était un conseil ; son nom sembla dire aux pauvres piétons : « Si vous tenez à ne pas vous casser le cou, imitez la patience, l’adresse et le pas de la mule en gravissant cette pente escarpée et glissante. » — Une décision ministérielle à la date du 23 ventôse an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 8 juin 1834, cette rue a été maintenue suivant sa largeur actuelle, qui est de 9 m. 74 c. — Conduite d’eau entre la rue des Tournelles et la place Royale. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Passy (barrière de).

Située à l’extrémité du quai Billy.

Cette barrière, qui tire son nom du village de Passy, se compose d’un bâtiment orné de douze colonnes, de deux arcs et de quatre frontons. On y voit deux statues colossales représentant la Bretagne et la Normandie. Elle a porté d’abord le nom de barrière des Bons-Hommes, qu’elle devait aux religieux minimes, appelés vulgairement Bons-Hommes. On la désigna aussi sous le nom de barrière de la Conférence. (Voir l’article Barrières.)

Pastourelle (rue).

Commence aux rues du Grand-Chantier, no  9, et des Enfants-Rouges, no  1 ; finit à la rue du Temple, nos 46 et 48. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 40. Sa longueur est de 135 m. — 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété.

Hors des murs de l’enceinte de Philippe-Auguste, en 1296, cette voie publique était alors complètement bâtie, et portait le nom de rue Croignet, qu’elle devait au mesureur de blé du Temple, qui y demeurait. En 1303, c’était la rue Jéhan de Saint-Quentin. Sa dénomination actuelle lui vient de Roger Pastourelle, qui y possédait une maison en 1331. — Une décision ministérielle à la date du 13 fructidor an VII, signée Quinette, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. Cette largeur a été portée à 12 m. en vertu d’une ordonnance royale du 16 mai 1833. Maison no  1, retranch. réduit 2 m. 50 c. ; 3, ret. réduit 3 m. 20 c. ; 5, ret. réduit 4 m. 20 c. ; de 7 à 13, ret. 4 m. 50 c. à 5 m. 70 c. ; 15, ret. réduit 4 m. De 2 à 10, ret. 1 m. 75 c. à 2 m. 30 c. ; de 12 à 16, ret. 1 m. 20 c. à 1 m. 75 c. ; 18, 20, ret. 80 c. à 1 m. 20 c. ; 22, ret. 40 c. ; de 24 à 32, ret. 30 c. ; 34, ret. 40 c. ; 36, ret. réduit 80 c. ; 38 et 40, ret. réduit, 2 m. 20 c. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Patriarches (marché des).

Situé rue du Marché-des-Patriarches. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

L’emplacement occupé par ce marché dépendait autrefois de la maison dite du Patriarche, ainsi nommée parce qu’elle avait appartenu à Bertrand de Chanac, patriarche de Jérusalem, qui mourut en 1404. Simon Cramault, cardinal et patriarche d’Alexandrie, possédait en 1422 cette vaste propriété qui était circonscrite par les rues Mouffetard, de l’Épée-de-Bois, Gracieuse et d’Orléans.

Vers le milieu du XVIIe siècle, la maison du patriarche servait de temple aux Calvinistes. Le 27 décembre 1561, ces religionnaires, au nombre de 2,000, assistaient au prêche. Leur ministre, étourdi par le son des cloches de l’église Saint-Médard, fait prier le curé de cesser ce bruit. Les envoyés du ministre sont assaillis et maltraités par les familiers de l’église ; l’un d’eux est percé de plusieurs coups de hallebarde. Ce meurtre est suivi d’un tintamarre épouvantable ; on sonne le tocsin. Alors le prévôt des marchands qui se trouvait dans le temple des Calvinistes, afin d’y maintenir l’ordre, envoie un de ses archers à Saint-Médard ; mais les portes lui sont fermées, et les gens placés dans le clocher font pleuvoir une grêle de pierres sur ceux qui approchent de l’édifice. Le tumulte est à son comble, on assiège l’église dont les portes sont brisées, et un combat sanglant se livre dans le saint lieu qui est indignement profané. Les prêtres de Saint-Médard n’ayant plus de pierres, arrachent de leurs niches les statues des saints et les lancent contre leurs ennemis.

Pendant ce combat, Gabaston, chevalier du guet, arrive pour faire cesser la lutte. Il entre à cheval dans l’église mais sa présence loin d’apaiser les combattants, les irrite davantage. Parmi ceux qui défendaient l’église, cinquante au moins sont dangereusement blessés, et dix-sept faits prisonniers.

Les Calvinistes, enorgueillis de leur succès, firent une espèce d’entrée triomphale dans Paris, et conduisirent les vaincus en prison. Ils revinrent le lendemain, tous armés dans leur temple. Après leur départ les catholiques se transportèrent dans la maison du patriarche, brisèrent les bancs, la chaire du ministre, et mirent le feu au temple, qui fut consumé ainsi que plusieurs maisons voisines.

Dans la cour de la propriété du patriarche, on établit vers la fin du XVIIIe siècle, un marché aux légumes.

Une ordonnance royale du 20 septembre 1828 porte : « Article 1er. Le sieur Baroilhet est autorisé à ouvrir sur son terrain deux rues de douze mètres de largeur, l’une qui communiquera de la rue de l’Épée-de-Bois à celle d’Orléans-Saint-Marcel ; l’autre en retour d’équerre sur la précédente, comme il est indiqué au plan ci-annexé qui est également approuvé en ce qui concerne l’agrandissement du marché des Patriarches, et l’alignement de ses abords, etc… — Art. 3e. Le sieur Baroilhet sera tenu : 1o d’abandonner gratuitement à la ville le terrain occupé par les deux rues qui seront ouvertes sur sa propriété ; 2o de supporter les frais de premier établissement du pavage et de l’éclairage des dites rues ; 3o d’établir de chaque côté, au fur et à mesure