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décret du 20 février 1806 et l’ordonnance du 12 décembre 1821 sont rapportés. Paris, le 26 août 1830. Signé Louis-Philippe. »

Quelque temps après, M. David fut chargé de sculpter de nouveau le fronton ; Gérard orna les pendentifs du dôme de peintures dont le magnifique ouvrage de Gros ne dépare pas le mérite. Sur le fronton, le célèbre sculpteur a représenté la Patrie, le front ceint d’un diadème étoilé, distribuant des couronnes à ceux qui l’ont noblement servie par leur courage ou leurs talents. Aux pieds de la déesse sont d’un côté, la Liberté, et de l’autre l’Histoire, qui écrit sur ses tablettes les noms de Hoche, de Bonaparte, de Kléber, tandis que Mirabeau, La Fayette et plusieurs autres reçoivent des couronnes des mains de la Liberté. À droite, l’artiste a placé des groupes de militaires et l’on remarque Napoléon qui s’élance le premier pour saisir la palme ; là, on aperçoit aussi, représentée par un grenadier épuisé de fatigue, mais toujours résolu, la trente-deuxième demi-brigade si célèbre dans nos annales républicaines ; à côté, se trouve le tambour Jean Ritielle, qui battait la charge au plus épais de la mitraille, lors du passage du pont d’Arcole. À gauche sont rangés les représentants des sciences et des arts ; dans le premier groupe figurent Malesherbes, Mirabeau, Monge, Fénélon ; dans le second, Manuel, Carnot, Bertholet et Laplace ; le peintre David, Cuvier et La Fayette composent le troisième ; puis Voltaire et Jean-Jacques Rousseau auprès d’un autel ombragé de palmes ; près de l’auteur d’Émile, un jeune homme mourant dépose sur l’autel de la Patrie le Traité de la vie et de la mort ; c’est Bichat. À l’extrême droite du fronton sont placés des jeunes gens en costume militaire, qui se livrent à l’étude ; entre eux et le vieux grenadier de la trente-deuxième demi-brigade, on aperçoit un élève blessé mortellement ; un des jeunes gens le regarde et semble dire que lui aussi saura mourir pour sa patrie.

Dans la partie souterraine de l’édifice étaient déposés les restes de ceux qu’on jugeait dignes des honneurs du Panthéon. Cette crypte est à 6 m. au-dessous du sol de la nef supérieure. Après avoir traversé une voûte très spacieuse, on arrive, en montant quelques marches, jusque sous le porche ; là, dans une ouverture où le jour ne pénètre jamais, on trouve une statue de Voltaire, ouvrage très estimé de Houdon. À droite et à gauche du passage sont rangés des caveaux qui recèlent les cercueils de quelques hommes célèbres et d’un grand nombre de hauts dignitaires de l’empire, parmi lesquels on distingue ceux du maréchal Lannes, de Bougainville et de Lagrange. Sur le cercueil de Voltaire ont été gravés ces mots : Poète, historien, philosophe, il agrandit l’esprit humain et lui apprit qu’il devait être libre. Il défendit Calas, Sirven, de la Barre et Montbailly ; combattit les athées et les fanatiques ; il inspira la tolérance ; il réclama les droits de l’homme contre la servitude de la féodalité.

Sur le cercueil de Rousseau est écrit : Ici repose l’homme de la nature et de la vérité.

Autour de ce beau monument on a placé une grille magnifique ornée de deux vastes trépieds en bronze qui servent aux illuminations lors des fêtes publiques. À l’intérieur de l’édifice ont été fixées contre les parois de la nef des tables de marbre noir, sur lesquelles sont gravés en lettres d’or, les noms des citoyens morts dans les journées de juillet 1830.

Il était question depuis longtemps d’améliorer les abords du Panthéon ; l’administration municipale, de concert avec le gouvernement, vient d’arrêter un projet qui recevra sous peu son exécution.

L’État doit prendre à sa charge : 1o la cession gratuite à la voie publique de tous les terrains nécessaires à l’achèvement des abords du Panthéon, moins ceux du prolongement de la rue Soufflot ; 2o l’acquisition des terrains à retrancher à cet effet des propriétés particulières ; 3o les travaux de nivellement et du pavage de la place du Panthéon ; 4o l’obligation de construire sur la partie non retranchable du bâtiment de l’ancien collége de Montaigu, un nouvel édifice destiné à la bibliothèque de Sainte-Geneviève ; 5o la cession gratuite à la ville de Paris du local actuel de cette bibliothèque pour être réuni au collége Henri IV, et enfin la cession gratuite à la ville de Paris des terrains domaniaux situés à l’angle de la rue Clotaire et de la place du Panthéon.

Les opérations à la charge de la ville seront : 1o l’acquisition de la maison rue des Fossés-Saint-Jacques, no 13, pour la réunir aux terrains bordant la rue Clotaire et la place du Panthéon, et y construire la mairie du 12e arrondissement ; 2o la construction du bâtiment de la mairie, avec façade symétrique à celle de l’École-de-Droit ; 3o le prolongement de la rue Soufflot jusqu’au jardin du Luxembourg, qui devra être exécuté dans le délai de quatre années à partir de la promulgation de la loi.

Panthéon (place du).

Située entre les rues Clotilde, Soufflot et des Sept-Voies. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 8. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Cette place a été commencée vers 1770, lors de la construction des bâtiments des écoles de droit. — Une décision ministérielle du 13 juin 1807, signée Champagny, a déterminé, ainsi qu’il suit, la forme et la dimension de cette voie publique : « L’alignement au-devant du portique du monument (côté ouest) est fixé par les délinéations circulaires et rectilignes qui indiquent sur le plan la limite des édifices symétriques qui doivent les border, et dont l’un (les Écoles de Droit) est déjà exécuté. Les côtés latéraux de la place sont déterminés par deux lignes parallèles au grand axe du monument et à 34 m. de distance du nu des arrières-corps. Le fond de la place est formé par les bâtiments du collége Henri IV. »