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moins grave qu’on ne l’avait craint d’abord : les fondations furent trouvées bonnes. On s’assura qu’elles n’avaient point fléchi d’une manière sensible, que l’église souterraine dont le sol est à 5 m. 85 c. au-dessous de celui de la nef supérieure, était bâtie de manière à résister à la masse qu’elle supportait ; que le dôme et les trois coupoles offraient la même solidité ; en un mot la construction vicieuse des piliers intermédiaires au dôme et à l’église indiqua qu’il ne fallait pas rechercher ailleurs la cause du mal. La direction des travaux de réparations fut confiée à M. Rondelet, architecte, qui parvint à consolider l’édifice, sans en altérer la décoration primitive.

Décret relatif au lieu destiné à recevoir les cendres des grands hommes.

« Du 4 avril 1791. L’Assemblée Nationale, après avoir ouï son arrêté de constitution, décrète ce qui suit : Article 1er. Le nouvel édifice de Sainte-Geneviève sera destiné à recevoir les cendres des grands hommes à dater de l’époque de la liberté Française. — Art. 2e. Le corps législatif décidera seul à quels hommes ces honneurs seront décernés. — Art. 3e. Honoré-Riquetti Mirabeau est jugé digne de recevoir cet honneur. — Art. 4e. La législature ne pourra pas décerner cet honneur à un de ses membres venant à décéder : il ne pourra être décerné que par la législature suivante. — Art. 5e. Les exceptions qui pourront avoir lieu pour quelques grands hommes morts avant la révolution, ne pourront être faites que par le corps législatif. — Art. 6e. Le directoire du département de Paris sera chargé de mettre promptement l’édifice de Sainte-Geneviève en état de remplir sa nouvelle destination, et fera graver au-dessus du portique, ces mots : Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante. — Art. 7e. En attendant que le nouvel édifice de Sainte-Geneviève soit achevé, le corps de Riquetti Mirabeau sera déposé à côté de Descartes, dans le caveau de l’ancienne église de Sainte-Geneviève. » — Ce décret a été sanctionné le 10 du même mois. Voltaire et Jean-Jacques Rousseau obtinrent également les honneurs du Panthéon, les 11 juillet et 16 octobre de la même année.

M. Antoine Quatremere fut chargé de la direction des changements à opérer. Pour imprimer à l’édifice un nouveau caractère, il fallut modifier ou changer beaucoup, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du monument. Au lieu d’un fronton sur le tympan duquel on voyait une croix de Coustou, entourée de rayons divergents et d’anges qui priaient, le sculpteur Moitte représenta la Patrie, les bras étendus, et portant des couronnes de chêne qu’elle présentait à l’émulation des citoyens.

L’édifice avait à peine subi cette transformation, lorsque la Convention Nationale rendit le décret suivant : « Séance du 5 frimaire an II (25 novembre 1793). — La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport de son comité d’instruction publique, considérant qu’il n’est point de grand homme sans vertu, décrète : Article 1er. Le corps d’Honoré-Gabriel-Riquetti Mirabeau sera retiré du Panthéon Français. — Art. 2e. Le même jour que le corps de Mirabeau sera retiré du Panthéon Français, celui de Marat y sera transféré. — Art. 3e. La Convention Nationale, le conseil exécutif provisoire, les autorités constituées de Paris et les sociétés populaires assisteront en corps à cette cérémonie. » — Mais cet édifice devait encore éprouver de nouveaux changements. Un décret du 20 février 1806 rendit le Panthéon au culte catholique ; l’inscription du portail et les figures allégoriques furent détruites à leur tour.

Sous la restauration, la seconde coupole de l’église fut décorée par Gros, qui représenta, comme nous l’avons dit, l’apothéose de sainte Geneviève. Cette composition est la plus vaste et la plus belle, dit-on, des peintures à fresque de France et même d’Italie. Cet immense ouvrage se divise en quatre grands tableaux. Le premier représente la fondation de la monarchie, par Clovis ; le second le triomphe de Charlemagne ; le troisième le règne de saint Louis ; et le quatrième la Restauration que personnifie le roi Louis XVIII ; cette figure est portée sur un nuage entre deux anges qui répandent des fleurs. Au-dessus de Clovis, de Charlemagne, saint Louis et Louis XVIII, plane le génie de la France.

Le 20 février 1829, un juste hommage a été rendu à l’illustre architecte de Sainte-Geneviève ; les restes de Jacques-Germain Soufflot, décédé le 29 août 1780, à l’âge de 67 ans, ont été transférés dans la chapelle basse de cette magnifique église, qui redevint dix-sept mois après le Panthéon Français.

« Ordonnance royale du 26 août 1830. — Louis-Philippe, roi des Français, etc… Vu les lois des 4 et 10 avril 1791. Vu le décret du 20 février 1806, et l’ordonnance du 12 décembre 1821. Notre conseil d’état entendu. Considérant qu’il est de la justice nationale et de l’honneur de la France que les grands hommes qui ont bien mérité de la Patrie en contribuant à son honneur ou à sa gloire, reçoivent après leur mort un témoignage éclatant de l’estime et de la reconnaissance publique. Considérant que pour atteindre ce but, les lois qui avaient affecté le Panthéon à une semblable destination, doivent être remises en vigueur. Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er. Le Panthéon sera rendu à sa destination primitive et légale ; l’inscription : Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante, sera rétablie sur le fronton. Les restes des grands hommes qui auront bien mérité de la Patrie y seront déposés. — Art. 2e. Il sera pris des mesures pour déterminer à quelles conditions et dans quelles formes ce témoignage de la reconnaissance nationale sera décerné au nom de la Patrie, etc. — Art. 3e . Le