Paris et des bourgeois. On s’assembla au palais où
se trouvèrent deux présidents, soixante-sept conseillers,
le doyen, le chantre, le pénitencier, avec quatre
chanoines, et de plus cinq bourgeois. » D’un commun
accord il fut décidé qu’il était utile d’entreprendre
ce pont, et sur-le-champ il fut ordonné au prévôt de
Paris d’en commencer les travaux. On y employa les vagabonds,
les joueurs et les escrocs. Ce pont, construit en
pierre, ne fut terminé qu’en 1387, sous Charles VI. Il fut
d’abord appelé Petit-Pont, ensuite Petit-Pont-Neuf, et
simplement Pont-Neuf. Cet édifice, mal construit, fut le
31 janvier 1408 entraîné par les glaçons, qu’un hiver
rigoureux avait amoncelés. Les registres du parlement
mentionnent ainsi cet accident : « Iceux glaçons par leur
impétuosité et heurt ont aujourd’hui rompu et abattu
les deux petits ponts (le Petit-Pont et le pont Saint-Michel).
L’un étoit de bois, joignant le petit Chastelet,
l’autre de pierre appelé le Pont-Neuf, qui avoit
été fait puis 27 ou 28 ans, et aussi toutes les maisons
qui estoient dessus, qui estoient plusieurs et belles
en lesquelles habitoient moult ménagiers de plusieurs
états et mestiers, comme tainturiers, escrivains, barbiers,
cousturiers, esperonniers, fourbisseurs, fripiers,
tapissiers, chasubles, faiseurs de harpes, libraires,
chaussetiers et autres. N’y a eu personnes
de périllées, Dieu merci ! » — Ce pont fut rebâti en
pierre cette même année. En 1424, il prit la dénomination
de pont Saint-Michel, en raison de sa proximité
de la chapelle de ce nom. En 1547 il fut emporté par
les glaces et rebâti en bois ; détruit une troisième fois le
30 janvier 1616, une compagnie se présenta pour le
reconstruire ; elle s’engageait à bâtir le pont en pierre, à
faire élever de l’un et de l’autre côté trente-deux maisons,
à condition qu’elle jouirait des revenus de ces propriétés
pendant 60 années. Cette compagnie promettait
en outre de payer un écu d’or de redevance annuelle. À
l’expiration de cette concession, la propriété devait retourner
au roi. En 1657, on modifia les termes de cette
convention. En 1672, le roi abandonna la propriété de
ce pont moyennant une somme de 200,000 livres 12
deniers de cens et 20 sous de rente par chacune des
trente-deux maisons. Un édit du roi, de septembre
1786, rappelant un autre édit de 1769, porte : que les
maisons élevées sur les ponts de Paris, seront abattues.
— « Au camp de Tilsit, le 7 juillet 1807. Napoléon,
empereur des Français et roi d’Italie. Sur le rapport
de notre ministre de l’intérieur, nous avons décrété
et décrétons : Article 1er. Les maisons domaniales et
autres qui couvrent le pont Saint-Michel, celles qui
obstruent les abords du petit cours de la Seine, sur
les rues Saint-Louis, du Hurepoix et de la Huchette,
ainsi qu’en retour sur le Marché-Neuf, seront démolies.
— Art. 2e. Les démolitions commenceront par
les maisons qui couvrent le pont Saint-Michel, le
1er septembre prochain, et pour les autres maisons
désignées dans l’article ci-dessus, le 1er janvier 1808.
Signé Napoléon » — Cette amélioration n’a été exécutée
qu’en 1809. Ce pont se compose de quatre arches
à plein cintre. Sa longueur entre les culées est de
57 m. 60 c. ; sa largeur entre les têtes est de 25 m.
10 c.
Michel (quai Saint-).
« Bureau de la ville, 4 août 1561. Aujourd’huy a esté imposé la première pierre du fondement du quai Sainct-Michel, en la présence de Monsieur le prévost des marchands, de Marie, Messieurs Godefroy et Sanguin, eschevins, et les entrepreneurs du bâtiment du d. quay, et ont mesdicts sieurs magnné lad. première pierre avec la truelle et la chaulz, et ont donné aus d. entrepreneurs 3 escus pour le vin et 1 petit escu pour les peauvres. » Il parait que la première pierre fut seule posée, car un arrêt du conseil en date du 25 avril 1767, ordonna la formation de ce quai. Le bureau de la ville, dans sa séance du 23 juillet suivant, approuva le devis estimatif de la dépense montant à la somme de 680,624 livres, et demanda que ce percement reçût le nom de quai Bignon. Des lettres-patentes furent rendues le 31 du même mois, en voici un extrait : « Article 1er. Il sera formé un quai de cinquante pieds de largeur entre le Petit-Pont et le pont Saint-Michel, le quel sera établi de ligne droite, à prendre depuis le milieu de l’arcade actuelle du petit châtelet au point marqué A, sur le plan à nous présenté, jusqu’au dehors de l’angle en saillie près la rue des Trois-Chandeliers au point marqué B sur le plan ; auquel lieu le mur du d. quai formera coude et retraite de 8 pieds, et il y sera établi un escalier pour descendre à la rivière, du quel point B le d. mur suivra la fondation actuelle des maisons qui bordent la rivière jusqu’au Cagnard de la Boucherie, etc… — Art. 3. La ruelle des Trois-Canettes sera supprimée, etc… » — Des lettres-patentes à la date du 22 avril 1769, portent ce qui suit : « Article 18. Le quai Bignon, parallèle à la rue de la Huchette, dont la formation a été ordonnée par lettres-patentes du 31 juillet 1767, sera exécuté, ainsi que l’égout qui doit être pratiqué sous la voie publique, et les autres ouvrages relatifs à la commodité de ce quartier. » — Ces lettres patentes ne furent pas encore exécutées.
« Au palais des Tuileries, le 25 mars 1811, Napoléon, etc… — Article 2. Il sera construit un quai en maçonnerie sur la rive gauche de la Seine, entre le pont Saint-Michel et le pont de la Tournelle. Ce quai portera le nom de Montebello. » Les travaux de construction furent commencés en 1812, dans la partie comprise entre le pont Saint-Michel et le Petit-Pont. — Une décision ministérielle du 22 octobre 1813 fixa la largeur de ce quai à 15 m. Cette voie publique a été livrée à la circulation en 1816 (Moniteur du 20 août). Elle reçut alors le nom de quai Saint-Michel, en raison de sa