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successeurs dans cet office. » En 1437, les maitres-chirurgiens furent admis au nombre des écoliers et suppôts de l’Université, pour jouir de ses immunités et privilèges, à condition d’assister, comme les autres écoliers, aux leçons qui se faisaient chaque jour aux écoles de médecine, et de prendre des attestations des professeurs. En 1544, Guillaume Vavasseur, chirurgien ordinaire de François Ier, obtint du roi des lettres-patentes qui unissaient plus intimement la confrérie à l’Université, à condition que personne ne pourrait prendre les degrés de bachelier, de licencié et de maître en chirurgie qu’il ne fût bien instruit des règles de la grammaire et de la langue latine. En participant aux privilèges universitaires, les chirurgiens durent subir des examens plus sévères. Un arrêt du parlement, du 10 février 1552, fit défense aux chirurgiens du roi au Châtelet de Paris, de procéder à la réception et maîtrise de chaque aspirant, sans en avertir au préalable la faculté de médecine, qui choisissait quatre docteurs pour participer à l’examen. Ces privilèges accordés aux médecins les rendirent plus exigeants encore. Les docteurs firent peser un joug de fer sur la chirurgie ; cette branche de l’art de guérir était trop faible pour résister au despotisme des médecins. Enfin apparut un puissant génie qui devait relever la chirurgie et la faire briller d’un vif éclat. Dans un petit hameau nommé le Bourg-Hersent, près de Laval, ville de l’ancienne province du Maine, naquit, au commencement du XVIe siècle, un enfant dont le nom devait passer à la postérité cet enfant, c’était Ambroise Paré. L’humanité souffrante fut redevable à ce chirurgien des plus importantes améliorations. À cette époque presque toutes les opérations étaient plus dignes d’un barbare que d’un chirurgien. Les malades préféraient souvent mourir plutôt que de se soumettre à ces tortures. Paré simplifia le pansement des plaies, bannit de leur traitement les emplâtres, les onguents, les huiles bouillantes, détruisit les erreurs relatives aux plaies d’armes à feu, que l’on croyait généralement empoisonnées et accompagnées de brûlure. On pansait toutes ces plaies avec des huiles de sambuc, des caustiques actifs et d’autres applications irritantes. Les chirurgiens avaient l’habitude, pour prévenir ou arrêter les hémorragies après les amputations, de plonger le membre dans l’huile bouillante pour le cautériser. Paré supprima cette coutume barbare et la remplaça par la ligature des vaisseaux. Le premier il fit l’amputation dans l’articulation de l’épaule. La réduction des luxations était opérée d’une manière cruelle, Ambroise Paré la réforma. Il avait sur les fractures des membres les idées les plus justes, et en cela, comme en beaucoup d’autres choses, il devançait son siècle. Son génie se rehaussait encore par sa modestie. Lorsqu’on félicitait Ambroise Paré d’un pansement difficile, d’une cure merveilleuse, il répondait : « Je le pansay, Dieu le guarit ». Ambroise Paré fut chirurgien de Henri II, de François II, de Charles IX, et de Henri III. On sait que Charles IX le sauva pendant l’affreuse nuit de la Saint-Barthélemy. « Le roi n’en voulut jamais sauver aucun, dit Brantôme, sinon maistre Ambroise Paré, son premier chirurgien et le premier de la chrétienté, et l’envoya quérir et venir le soir dans sa chambre et garde-robe, lui commandant de n’en bouger, et disoit qu’il n’estoit raisonnable qu’un qui pouvoit servir à tout un petit monde fust ainsi massacré. »

Les lettres-patentes accordées par François Ier aux chirurgiens, furent confirmées en 1576 par Henri III, en 1594 par le pape Clément VIII, et en 1611 par Louis XIII. Ce dernier prince, qui était né le jour de la saint Côme et saint Damien, se fit inscrire parmi les membres de la confrérie, et ajouta aux armes de la corporation une fleur de lys rayonnante.

Les barbiers, au moyen-âge, étaient presque tous chirurgiens, ce qui souvent fit naître des querelles entre les deux corporations. Les chirurgiens, protégés par le prévôt, firent signer, en 1301, à tous les barbiers, au nombre de vingt-six, la déclaration suivante : « L’an de grâce mil trois cens et un, le lundi après la mi-aoust, furent semons tuit li barbier qui s’entremêtent de cirurgie dont les noms sont ci deseuz escritz, et leur fust desfendu suz peine de cors et de avoir, que cil qui se dient cirurgier barbier que ils ne ouvreront de l’art de cirurgie, devant ce que il soit examinez des mestres de cirurgie savoir ou non, se il est suffisant au dit mestier faire ; item que nul barbier se ce n’est en aucun besoin, d’estancher le blescié, il ne s’en pourra entremestre du dit mestier, et si tost que il aura atenchié ou afeté, il le fera à sçavoir à joustice, c’est à sçavoir au prévost de Paris ou à son lieutenant, sus la peine desus dite. » En 1597, Jean de Pracontal, premier barbier du roi, était leur chef. La faculté de médecine reconnut alors deux espèces de chirurgiens : ceux de robe longue et ceux de robe courte, qui s’étaient enfin réunis, lorsqu’en 1660 un arrêt du parlement défendit aux barbiers-chirurgiens de prendre la qualité de bacheliers, licenciés, docteurs, etc. ; on les autorisa seulement à porter le titre d’aspirants. On lisait autrefois sur les enseignes des barbiers : Céans on fait le poil proprement et l’on tient bains et étuves. Le barbier du roi a été longtemps considéré comme son premier chirurgien, et cette place lui donnait la primauté sur tous ceux de sa profession. En 1731, Maréchal, premier chirurgien du roi, et la Peyronie, arrêtèrent le règlement qu’on voulait établir pour la chirurgie. Le 31 décembre eut lieu la première séance académique. On y lut le règlement, ainsi qu’une lettre de M. de Maurepas, qui annonçait l’approbation du roi, puis une déclaration où l’on reconnaît le style et le bon esprit de M. Daguesseau. D’autres édits complétèrent cet utile établissement. La compagnie fut composée d’un directeur et d’un vice-directeur, d’un secrétaire et d’un commissaire pour la correspondance, de huit conseillers-vétérans, de quarante conseillers du comité, de vingt adjoints, de douze associés régnicoles, et de seize associés étrangers. La Peyronie légua un fonds