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Montpellier et à Strasbourg, seront supprimées et refondues avec les nouvelles écoles de santé qui vont y être établie d’après notre décret, etc. — Art. 10e. Les écoles de santé seront placées sous l’autorité de la commission d’instruction publique qui en fera acquitter les dépenses sur les fonds qui seront mis à sa disposition, etc. » (Extrait du Moniteur du 6 décembre 1794.)

2e Partie. — Médecins, chirurgiens et barbiers.

Dans les premiers temps de la monarchie, tous ceux qui exerçaient la profession de médecins étaient clercs, et forcés de garder le célibat. Cet art tomba bientôt en discrédit, et ne fit point partie des sciences libérales. L’église le frappa de ses redoutables censures. En 1131, défense fut faite aux moines d’étudier la médecine. Dans le concile tenu à Tours en 1163, le pape Alexandre III déclara qu’on devait regarder comme excommuniés tous les religieux qui prenaient des leçons de droit et de médecine. De pauvres clercs raillés, bafoués par les poètes satyriques étaient les seuls praticiens. Cependant sous Philippe-Auguste cette faculté faisait partie de l’Université, mais il n’y avait point à cette époque d’établissement affecté aux écoles de médecine. Les professeurs donnaient leurs leçons chez eux. « Le nombre des écoliers s’étant augmenté, dit Jaillot, on loua des maisons particulières pour les y rassembler. J’ai quelque peine à croire qu’on ait enseigné la médecine dans les écoles de la cathédrale, encore moins à l’entrée de l’église. On a pu s’assembler et prendre des décisions près le bénitier, sans conclure qu’on y donnât des leçons. Il en est de même de l’église de Sainte-Geneviève des Ardents, de Saint-Éloi, de Saint-Julien-le-Pauvre, des Bernardins, des Mathurins, de Saint-Yves, etc… Tous ces endroits ne me paraissent pas devoir être considérés comme des écoles, mais comme des lieux d’assemblée de la faculté, où elle se réunissait pour traiter des affaires de son corps, ou pour faire des actes de religion. Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, toutes les facultés qui composaient l’Université ne formaient qu’un corps dont les membres réunis n’étaient distingués que par la différence des études auxquelles ils s’étaient consacrés. Ce fut alors qu’ils se formèrent en compagnies distinctes et qu’ils eurent des écoles spécialement affectées. La théologie dut les siennes à Robert Sorbon ; les professeurs en droit eurent les leurs au Clos-Bruneau (rue Saint-Jean-de-Beauvais). La faculté des arts tint les siennes rue du Fouarre ; comme aucun acte ne nous indique où la faculté de médecine eut les siennes, on peut conjecturer qu’étant unie et comprise dans celle des Arts, elle eut aussi ses écoles dans la rue au Feurre depuis nommée rue du Fouarre. » — Le crédit des médecins augmenta vers le XVe siècle ; ils résolurent alors d’avoir des écoles spéciales. Dans une assemblée du 20 mars 1469, ils arrêtèrent l’acquisition d’une vieille maison située dans la rue de la Bûcherie et voisine d’une autre propriété que possédait déjà la faculté. Les Chartreux cédèrent cette maison moyennant 10 livres tournois de rente. De nouvelles constructions, commencées en 1472, furent achevées en 1477 ; les exercices eurent lieu en 1481 ; plusieurs acquisitions successives rendirent les logements plus convenables et permirent à la faculté d’avoir un jardin pour les plantes médicinales. — Autorisé par lettres-patentes données par Henri IV, en 1608, Nicolas Jabot, doyen de la faculté, fit l’acquisition d’une maison ayant pour enseigne : l’Image de Sainte-Catherine, et qui formait le coin des rues du Fouarre et de la Bûcherie. En 1617, on y construisit un amphithéâtre plus solide et plus spacieux que celui qui avait été bâti en 1604. En 1678, on reconstruisit les bâtiments de cette école, et en 1774, on éleva un nouvel amphithéâtre qui reçut le jour par les fenêtres d’un dôme. Cet amphithéâtre, aliéné par le domaine de l’État en 1810, subsiste encore au no 13, rue de la Bûcherie. On voit au-dessus de la porte qui donne sur une petite cour, l’inscription suivante en partie cachée par des constructions élevées depuis peu :

Amphitheatrum… collapsus ære suo restituerunt Medici Parisienses… 1774.
M. Eliacol de Villars, Decano (doyen).

L’ancienne porte d’entrée de l’école subsiste encore ; sa construction date du XVe siècle. On lit au-dessus en caractères gothiques :

Scholæ Medicorum.

Les bâtiments devenus trop étroits, la faculté transféra, en 1778, sa bibliothèque dans l’ancienne école de droit située alors dans la rue Saint-Jean-de-Beauvais. On fit également plusieurs cours en cet endroit ; cependant les professeurs d’anatomie et d’accouchement fréquentèrent, ainsi que leurs élèves, pendant quelques années encore, l’ancien amphithéâtre de la rue de la Bûcherie.

Le plus ancien document qui mentionne les chirurgiens ou mires, est un arrêté du prévôt de Paris. Cet acte, qui remonte au XIIIe siècle, nous démontre qu’avant cette époque ils n’avaient point de maîtres jurés. Jean Pitard, chirurgien de saint Louis, obtint du roi la permission d’établir une confrérie de chirurgiens, en les soumettant toutefois à des règlements dont la sévérité devait prévenir les nombreux abus qui s’étaient glissés dans la pratique de cet art. Les confrères étaient tenus de visiter, le premier lundi de chaque mois, tous les pauvres qui se présentaient à l’église de Saint-Côme, où se réunissait leur corporation, et ils juraient de se soumettre aux règles établies par les statuts. Les privilèges de la corporation de Saint-Côme furent confirmés par les successeurs de saint Louis. Philippe-le-Bel défend, au mois de novembre 1311, « à quelque homme ou femme que ce soit d’exercer l’art de chirurgie en public ou en particulier, s’ils n’ont esté auparavant examinez et approuvez par les chirurgiens-jurés de Paris, appelez par maître Jean Pitard, chirurgien du roy au Chastelet de Paris, ou par ses