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trophées destinés à parer le Temple de la Gloire, qui redevint par une ordonnance royale du 14 février 1816, l’église royale de la Madeleine. Il était question alors d’élever dans cette basilique les monuments expiatoires de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Louis XVII, de Madame Élisabeth et du duc d’Enghien, et l’architecte dut se borner à approprier l’ancien temple à sa nouvelle destination. Vignon continua les travaux jusqu’en 1828, année de sa mort. Depuis cette époque jusqu’à l’achèvement de l’édifice, M. Huvé a dirigé toutes les constructions.

Avant de parler de l’architecture de ce monument, nous allons reproduire les actes qui compléteront la partie administrative.

« Charles, etc…. Nous avons proposé, les chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Titre unique. Le ministre des finances est autorisé à abandonner au nom de l’État, à la ville de Paris, les terrains précédemment acquis par le gouvernement pour les abords de l’église de la Madeleine, lesquels abords cesseront d’être à la charge de l’État. La présente loi discutée, délibérée et adoptée par la Chambre des Pairs et celle des Députés, et sanctionnée par nous aujourd’hui, sera exécutée comme loi de l’État ; etc… Donné en notre château de Saint-Cloud, le 27e jour du mois de mai, l’an de grâce 1827, et de notre règne le 3e. Signé Charles. »

» Au palais des Tuileries, le 23 mars 1842. Louis-Philippe, etc… Nous avons proposé, les chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er. Il est fait concession à la ville de Paris, à titre de propriété, de l’église de la Madeleine, pour être affectée au service de la paroisse principale du 1er arrondissement. La d. concession est faite à la charge, par la ville, de pourvoir aux dépenses des abords de l’édifice et de son appropriation au service religieux. — Art. 2e. Les travaux restant à faire à l’église de la Madeleine, aux frais de l’État, sur les crédits précédemment alloués, et ceux qui sont mis à la charge de la ville de Paris, continueront à être exécutés par l’architecte du gouvernement, sous la surveillance et l’autorité directe du ministre des travaux publics ; et à l’avenir aucune modification ne pourra être apportée à l’édifice, sans l’approbation expresse du même ministre, etc. Signé Louis-Philippe. »

L’extérieur de ce monument a toute la mâle sévérité, toute la noblesse des temples antiques. Il est entouré de colonnes d’ordre corinthien, surmontées de chapiteaux d’une richesse remarquable. L’édifice qui se développe du sud au nord a 79 m. 30 c. de longueur, sa largeur est de 21 m. 40 c., et sa hauteur, mesurée sous les coupoles, est de 30 m. 30 c. Dans les bas-côtés des portiques et des galeries en face des entrecolonnements, ont été taillées des niches qui renferment des statues de saints.

En pénétrant sous le portique principal, c’est-à-dire sous celui du midi, on voit à droite la statue de saint Philippe, par M. Nanteuil, à gauche saint Louis, par le même.

Le portique septentrional est décoré de quatre statues ; à droite : saint Mathieu, par M. Desprez, et saint Marc, par M. Lemaire ; à gauche, saint Jean et saint Luc, par M. Ramey.

La galerie de droite en renferme quatorze : saint Gabriel, par M. Duret ; saint Bernard, par M. Husson ; sainte Thérèse, par M. Feuchère ; saint Hilaire, par M. Huguenin ; sainte Cécile, par M. Dumont ; saint Irénée, par M. Gourdel ; sainte Adélaïde, par M. Bosio neveu : saint François de Sales, par M Molcheneht ; sainte Hélène, par M. Mercier ; saint Martin de Tours, par M. Grenevich ; sainte Agathe, par M. Dantan jeune ; saint Grégoire, par M. Thérasse ; sainte Agnès, par M. Du Seigneur ; saint Raphaël, par M. Dantan aîné.

Les quatorze statues de la galerie de gauche sont : saint Michel, par M. Raggi ; saint Denis, par M. Debay fils ; sainte Anne, par M. Desbœufs ; saint Charles Borromée, par M. Jouffroy ; sainte Élisabeth, par M. Caillouete ; saint Ferdinand, par M. Jaley ; sainte Christine, par M. Walcher ; saint Jérôme, par M. Lanno ; sainte Jeanne de Valois, par M. A. Guillot ; saint Grégoire de Valois, par M. Maindron ; sainte Geneviève, par M. Debay père ; saint Jean Chrisostôme, par M. Gœcther ; sainte Marguerite d’Écosse, par M. Caunois ; et l’Ange Gardien, par M. Bra.

La frise qui règne autour de l’édifice, est ornée d’anges, de médaillons, de guirlandes d’un travail remarquable. Un fronton sans sculpture surmonte le portique du nord ; sur le tympan du fronton méridional sont gravés ces mots en lettres d’or :

D. O. M. SUB INVOCATIONE SANCTÆ MAGDALENÆ.
Au Dieu très bon, très grand, sous l’invocation de sainte Madeleine.

Au-dessus se déroule une des plus grandes pages de la statuaire moderne. Cette composition a 38 m. 350 mil. de longueur, sur 7 m. 150 mil. de hauteur à l’angle.

Le Christ debout, ayant à ses pieds la Madeleine repentante, occupe le milieu du fronton ; à droite du Dieu qui pardonne, l’ange des miséricordes et l’Innocence, soutenue par la Foi et l’Espérance, se montrent suivis de la Charité, entourée de deux pauvres enfants qu’elle protège. Dans le coin de l’angle, occupé par un ange qui fait sortir une âme juste du tombeau, et lui dévoile les félicités éternelles, on lit ces mots : Ecce dies salutis ! Tous les vices personnifiés, chassés par l’ange des vengeances, occupent la gauche du Christ ; ce côté du bas-relief est terminé par une figure que l’ange des ténèbres précipite dans l’abime, et sous laquelle on lit Væ impio !

Cette large composition fait le plus grand honneur à M. Lemaire. La tête du Christ, le corps de la Madeleine,