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fonder un noviciat. Un brevet du roi du 17 mars 1610, leur en accorda l’autorisation. En 1612, madame Luillier, veuve du sieur de Sainte-Beuve, leur donna l’ancien hôtel Mézières où ils vinrent s’installer. François Sublet des Noyers fit élever à ses frais une église dont la première pierre fut posée le 10 avril 1630, par Henri de Bourbon, abbé de Saint-Germain-des-Prés. Cet édifice, construit sous la direction de frère Martel Ange, fut achevé en 1642, et consacré sous l’invocation de saint François-Xavier. Les bâtiments et terrains du noviciat des Jésuites étant devenus propriétés nationales, furent vendus en 4 lots le 21 fructidor an V. Ils contenaient en superficie 3,192 m. 46 c.

Madeleine (boulevart de la).

Commence aux rues Neuve-Luxembourg, no  35, et de Caumartin ; finit à la place de la Madeleine, no  10. Le dernier impair est 17. Pas de numéro pair ; ce côté dépend de la rue Basse-du-Rempart. Sa longueur est de 250 m. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

Il a été formé en vertu des lettres-patentes du mois de juillet 1676. La largeur de la chaussée est de 19 m. Ce boulevart doit sa dénomination à l’église de la Madeleine, à laquelle il aboutit. — Une ordonnance royale du 24 août 1833 a fixé pour cette voie publique un alignement parallèle aux arbres de la contr’allée et à 2 m. de distance. Les propriétés nos 1, 3 et 5, sont soumises à un redressement qui n’excède pas 30 c. ; le surplus est aligné. Le sol de ce boulevart a été nivelé en 1839. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Madeleine (église de la).

Située sur la place du même nom. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

« Versailles, le 6 février 1763. — Louis, etc… À nos amez et féaux conseillers, les gens tenant notre cour de parlement et chambre de nos comptes à Paris ; salut. La protection singulière que nous avons toujours accordée aux établissements destinés pour le culte de la religion et l’utilité de nos sujets, nous a fait mettre en considération les très humbles remontrances qui nous ont été faites par notre cher et bien amé le sieur Cathlin, curé de la paroisse de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, de notre bonne ville de Paris, sur la nécessité de faire reconstruire une nouvelle église, pour la dite paroisse qui est une des plus considérables de cette ville, soit par le nombre, soit par la qualité de ses habitants, celle actuellement existante et qui n’a pas plus d’étendue qu’une simple chapelle, étant beaucoup trop petite, eu égard au nombre des paroissiens ; nous aurions à cet effet fixé par nos lettres-patentes du 21 juin 1757, l’emplacement sur lequel nous avons jugé devoir être construite la nouvelle église, à l’extrémité de la rue Royale, entre le rempart et la rue de Chevilly, et nous aurions destiné des fonds pour cette entreprise, le tout conformément aux plans par nous agréés que nous lui avons fait remettre. Mais comme les bâtiments et terrains qu’il est nécessaire d’acquérir pour l’exécution des dits plans, appartiennent en partye à gens de main-morte, tels que les religieux titulaires dits Mathurins, les religieuses Bénédictines de la Ville-l’Évêque, et le domaine de la cure de la Ville-l’Évêque ; tous les quels ne peuvent vendre ni aliéner les dits biens sans y être par nous autorisés, que même le sieur curé de la Madeleine de la Ville-l’Évêque ne peut faire les dites acquisitions sans une pareille autorisation de notre part. À ces causes, de l’avis de notre conseil et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, nous avons par ces présentes signées de notre main, statué et ordonné, statuons et ordonnons, voulons et nous plait : Article 1er. Que tous les ouvrages nécessaires pour la construction d’une nouvelle église paroissiale de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, d’un presbytère, place et rues adjacentes, soient faits dans le lieu désigné par nos lettres-patentes du 21 juin 1757, par les ordres du sieur curé de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, et exécutés par les soins du sieur Cathlin, avocat au parlement, sous la conduite et inspection du sieur Contant d’Ivry, l’un de nos architectes de l’académie royale d’architecture, conformément aux plans et dessins par nous approuvés et cy-attachés sous le contr’scel de notre chancellerie. — Art. 2e. À l’effet de quoi, permettons au sieur curé de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, d’acquérir tous les bâtiments et terrains appartenant à des particuliers, même aux supérieures, communauté et religieuses Bénédictines de la Ville-l’Évêque, qui pourront lui être nécessaires pour la construction de la dite église, presbytère, place et rues adjacentes, circonstances et dépendances, et dans le cas où quelques parties des terrains se trouveraient inutiles pour la construction des dites église et dépendances, lui permettons de les vendre, céder et échanger, et le produit en sera par lui employé aux dépenses nécessaires pour la dite construction et ses dépendances, etc… Signé Louis. » (Archives du royaume, série E, no  3449).

Louis XV posa la première pierre de l’église de la Madeleine le 3 avril 1764. Contant d’Ivry, architecte, qui avait fourni les plans, fut chargé de la direction des travaux. Cette basilique devait surpasser en grandeur et en majesté toutes les églises ses sœurs. Conçue dans le style du monument de Sainte-Geneviève, elle aurait rappelé aussi, dans quelques unes de ses parties, l’église des Invalides. Au centre d’une croix latine s’élevait un vaste dôme ; à l’abside du monument, deux petites tourelles étaient destinées à servir de clochers ; la façade, la partie importante de l’édifice, était d’un grand et majestueux effet.

La mort de Contant d’Ivry empêcha l’exécution de ce plan magnifique. La continuation des travaux fut accordée par le roi à M. Couture, qui renversa tout ce que son prédécesseur avait fait. La décoration intérieure