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Poissonnière. — Conduite d’eau depuis la rue Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dans cette rue, au no 32, était la principale entrée de la communauté des Filles de la Petite-Union-Chrétienne, connue également sous le nom de Petit-Saint-Chaumont. Jean-Antoine Le Vacher, prêtre, qui contribua par son zèle à la formation de l’établissement religieux dont nous avons parlé à l’article du passage Saint-Chaumont, résolut d’en former un second sur le même modèle. Il sut intéresser plusieurs personnes puissantes à la nouvelle fondation. Louis-Antoine de Noailles, évêque de Châlons, la duchesse sa mère et mademoiselle de Lamoignon, s’en déclarèrent protecteurs. Les membres de cette association jetèrent les yeux sur une maison située rue de la Lune. Cette propriété avait été bâtie par François Berthelot, secrétaire de la dauphine, pour recevoir cinquante soldats blessés dans les dernières campagnes. La construction de l’hôtel royal des Invalides ayant rendu cette maison inutile, elle fut vendue en 1682 aux filles de l’Union-Chrétienne. Sainte Anne était la patronne titulaire de cette communauté, dans laquelle on recevait les jeunes filles nouvellement converties au catholicisme, et qui avaient besoin de conseils et de protection. Les jeunes personnes qui, cherchant à se mettre en condition, manquaient de toutes les ressources nécessaires à la vie, y trouvaient également un asile. Cette communauté, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue le 7 germinal an III. Elle contenait alors une superficie de 638 m. 645 millim. Les bâtiments ont été démolis en 1822 et remplacés par une maison particulière.

Luxembourg (palais du).

Situé dans la rue de Vaugirard, en face de la rue de Tournon. — 11e arrondissement.

Sur une partie de l’emplacement occupé par le palais du Luxembourg, Robert de Harlay de Sanci fit bâtir, vers le milieu du XVIe siècle, une grande maison accompagnée de jardins. Dans un arrêt de la cour des aides, rendu en 1564, cette propriété est qualifiée d’Hôtel bâti de neuf. Le duc de Pinci-Luxembourg en fit l’acquisition, et ajouta en 1583 et 1585 plusieurs terrains contigus pour l’agrandissement des jardins. Ce domaine passa ensuite à la reine Marie de Médicis, qui l’acheta le 2 avril 1612 moyennant 90,000 livres. Ce fut sur ce vaste emplacement que la veuve de Henri IV conçut le projet de faire construire une habitation toute royale. Jacques de Brosse fournit les dessins du monument, et dirigea les travaux avec tant d’activité, qu’en peu d’années l’édifice se trouva complètement terminé. Il devait porter le nom de palais Medicis, mais la reine l’ayant légué à Gaston de France, duc d’Orléans, son second fils, il prit la dénomination de palais d’Orléans, ainsi que le prouvait une inscription qui demeura sur la principale porte jusqu’au commencement de la révolution, mais l’ancien nom de Luxembourg à prévalu et sert encore à désigner ce monument. Après la mort du second fils de Henri IV, ce palais échut par moitié à la duchesse de Montpensier, l’autre partie lui fut abandonnée moyennant la somme de 500,000 livres. Une transaction le fit passer en 1672 à Élisabeth, duchesse d’Orléans et d’Alençon, qui le céda au roi en mai 1694. Ce palais fut depuis occupé par la duchesse de Brunswick et par Mademoiselle d’Orléans, reine douairière d’Espagne. Il rentra à la mort de cette princesse dans le domaine royal, et Louis XVI le donna, par édit du mois de décembre 1778, à Louis-Stanislas-Xavier, fils de France, Monsieur, à titre et par augmentation d’apanage. Le palais du Luxembourg devint au commencement de la révolution propriété nationale. En 1792, il fut converti en prison. Le 4 novembre 1794 le directoire exécutif s’y installa.

« Conseil des Cinq-Cents. Commission législative. Séance du 3 nivôse an VIII. Projet de résolution adopté. — Article 1er. Le sénat conservateur et les consuls entreront en fonctions le 4 nivôse an VIII, etc. — Art. 7e. Les édifices nationaux ci-après désignés seront affectés aux diverses autorités constituées : 1o le palais du Luxembourg, au sénat conservateur ; 2o le palais des Tuileries, aux consuls ; 3o le palais des Cinq-Cents, au Corps-Législatif ; 4o le palais Égalité, au Tribunat, etc. » (Extrait du Moniteur du 3 nivôse an VIII.)

Après la chute de l’empire, le palais du Luxembourg reçut une nouvelle destination. — Ordonnance royale du 4 juin 1814. « Louis, etc. Voulant pourvoir à ce que la chambre des pairs de France soit environnée dès son entrée en fonctions de tout ce qui peut annoncer à nos sujets la hauteur de sa destination, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Le palais du Luxembourg et ses dépendances telles qu’elles seront par nous désignées, sont affectés à la Chambre des Pairs, tant pour y tenir ses séances, y déposer ses archives, que pour le logement des officiers, ainsi que le tout sera par nous réglé et établi. — Art. 2e. La garde du palais de la Chambre des Pairs, celle de ses archives, le service de ses messagers d’état et huissiers, sont sous la direction d’un pair de France, choisi par nous, sous la dénomination de Grand-Référendaire de la Chambre des Pairs. — Art. 3e. Il résidera au palais, et ne pourra s’absenter sans notre permission expresse, etc. Signé Louis. »

Ce palais, dont nous venons de tracer rapidement l’origine, est sans contredit un des plus beaux de l’Europe ; et cependant on ignore jusqu’au lieu et jusqu’à la date de la naissance et de la mort de l’illustre architecte qui le construisit.

Marie de Médicis avait habité, à Florence, le palais Pitti, séjour habituel des grands ducs de Toscane. La veuve de Henri IV voulut que le palais de ses pères