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aux ducs de Bourbon. Cet hôtel avait été bâti peu de temps après que Philippe-Auguste eût fait augmenter le Louvre. Il fut réparé sous les règnes de Charles V et Charles VI. Le connétable de Bourbon ayant été déclaré criminel de lèse-majesté, une partie de la demeure du Petit-Bourbon fut démolie en 1527, et l’on sema du sel sur ce terrain ; la couverture et les moulures de la porte principale furent barbouillées de ce jaune infamant dont le bourreau brossait les maisons des criminels de lèse-majesté. On voyait encore du temps de Sauval des armoiries brisées et à demi-effacées ; une tour en partie rasée se trouvait près de la rivière. Parmi les bâtiments conservés, on remarquait aussi une galerie d’une grande étendue ; on y tint, en 1614 et 1615, l’assemblée des états ; plus tard elle servit de théâtre, et la cour y donnait des fêtes. Plusieurs fois Louis XIV, dans sa jeunesse, vint danser publiquement dans cette salle. Ce théâtre fut accordé, en 1658, à la troupe de Molière. Deux ans après, les comédiens abandonnèrent ce local qui fut détruit ; on plaça dans les autres corps de logis les écuries de la reine et les meubles de la couronne. Louis XIV ordonna, en 1665, la démolition des bâtiments qui restaient de l’ancien hôtel du Petit-Bourbon ; sur ce terrain on construisit la colonnade du Louvre, et on forma aussi la place dont nous nous occupons. — Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, nous rappelle ainsi le genre de commerce qu’on faisait encore en 1788 sur la place du Louvre. « En face de la superbe colonnade, dit cet écrivain, on voit beaucoup de vieilles hardes, qui suspendues à des ficelles et tournant au vent, forment un étalage hideux. Cette friperie a tout à la fois un air sale et indécent. Là, tous les courtauds de boutiques, les maçons et les portefaix vont se recruter en culottes qui ont manifestement servi ; les neuves y sont de contrebande, il y en a de toutes les formes, de toutes couleurs et de toute vétusté exposées aux chastes regards du soleil et des jolies femmes, soit anglaises, soit italiennes, soit espagnoles, qui ne peuvent admirer le péristyle du Louvre sans voir en même temps ces échoppes si ridiculement ornées. Des parasols chinois en toile cirée, de dix pieds de haut, mais grossièrement travaillés, servent d’abri à cette multitude de fripiers, étalant là des nippes ou plutôt des haillons. Lorsque ces parasols sont baissés la nuit, ils forment dans l’obscurité comme des géants immobiles rangés sur deux files, qu’on dirait garder le Louvre ; quand on n’est pas averti, on recule dans les ténèbres au premier aspect et l’on ne saurait deviner ce que c’est que ces fantômes. » — Cette place a été dégagée des guenilles qui l’obstruaient ; une grille de fer orne la place, au droit du péristyle du Louvre, mais une portion, au côté gauche de l’édifice, n’est encore protégée que par une misérable palissade en bois, appuyée sur des pierres que le temps a disjointes. Un terrain a été ménagé entre cette clôture et le palais ; pendant plusieurs années il fut occupé par les tombeaux des citoyens morts dans les journées de juillet 1830. Les restes de ces combattants ont été déposés dans les caveaux de la colonne de la Bastille.

Louvre (quai du).

Commence à la place du Louvre et au quai de l’École ; finit au quai des Tuileries. Sa longueur est de 264 m. — 4e arrondissement, quartier du Louvre.
Lettres missives du roi aux prévôt des marchands et échevins.

« (15 mars 1527). De par le roy. Très chers et bien amez, pour ce que nostre intention est de doresnavant faire la plus part de nostre demeure et séjour en nostre bonne ville et cité de Paris, et alentour plus qu’en aultre lieu de royaulme, cognaissant nostre chastel du Louvre, estre le lieu plus commode et à propos pour nous loger, à ceste cause avons délibéré, faire réparer et mettre en ordre le dit chastel, et faire clore la place estant devant icelluy, pour nous en aider et jouir, nous avons bien voulu advertir à ce que advisiez un chemyn le long de la tour respondant sur la rivière, près la fausse porte par où l’on a accoustume passer les chevaulz tirant les basteaux, afin que trente chevaulz puissent doresnavant par le dit chemyn avoir leur passage, etc… Donné à Saint-Germain-en-Laye, le 15e jour de mars 1527. Signé François. » — On voit dans les registres de l’Hôtel-de-Ville que les constructions de ce quai avaient déjà occasionné, en 1537, une dépense de 10,000 écus. Les travaux ne pouvaient être achevés qu’en y employant une pareille somme. — En vertu d’une ordonnance du bureau de la ville du 8 août 1622, ce quai fut élargi pour la commodité de la navigation. À la fin du XVIIIe siècle, on le nomma quai du Muséum ; depuis on l’appelle quai du Louvre, parce qu’il longe la grande galerie de ce palais ; il a été reconstruit depuis 1810. Il n’existe pas d’alignement pour cette voie publique. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lowendal (avenue de).

Commence à l’avenue de Tourville ; finit aux chemins de ronde des barrières des Paillassons et de l’École-Militaire. Le dernier impair est 27 ; le dernier pair, 10 ; ce côté est en grande partie bordé par les bâtiments de l’École-Militaire. Sa longueur est de 812 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Cette avenue a été formée vers 1770. Jusqu’en 1838, la partie qui s’étend de l’avenue de Tourville à la place de Fontenoi porta le nom de Boufflers, en mémoire de Louis-François duc de Boufflers, pair et maréchal de France, né en 1644, mort à Fontainebleau en 1711. — En vertu de la loi du 19 mars 1838, l’avenue de Lowendal a été cédée par l’État à la ville de Paris. Suivant le plan annexé à cette loi, l’avenue de Boufflers est confondue dans l’avenue de Lowendal. — Conduite d’eau entre la place de Fontenoi et l’avenue Suffren.

Ulric-Frédéric Woldemar de Lowendal naquit à Hambourg en 1700. Son père étant tombé en disgrâce