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engagée à vie, que ces deux portions d’emplacements ont une façade de 43 toises d’étendue sur le rempart entre les rues Grange-Batelière et d’Artois, et aboutissant sur la rue Pinon nouvellement ouverte ; que leur profondeur réunie est si considérable que l’exposant n’en pourrait tirer aucun parti s’il n’y était percé une nouvelle rue, etc… Permettons et autorisons, voulons et nous plaît ce qui suit : Article 1er. Il sera par le sieur Jean-Joseph de la Borde et à ses frais, ouvert une nouvelle rue en face du bâtiment du théâtre Italien, débouchant d’un côté sur la place du Rempart, et de l’autre dans la rue Pinon, à travers un terrain qui lui appartient entre la rue Grange-Batelière et celle d’Artois. — Art. 2e. La d. rue sera nommée Le Peletier ; elle sera d’un droit alignement et sur la largeur que nous avons fixée à 36 pieds ; il sera établi de chaque côté, également aux frais du d. sieur de la Borde, des trottoirs à l’usage des gens de pied ; ces trottoirs, de 4 pieds de large sur 10 à 12 pouces au moins de haut avec une bordure de pierre propre à les soutenir, seront couverts d’un pavé à chaux et ciment et défendus dans toute leur longueur par de petites bornes posées à une certaine distance les unes des autres, etc… Donné à Versailles, le 8e jour du mois d’avril, l’an de grâce 1786, et de notre règne le 12e. Signé Louis. » — Ces lettres-patentes furent immédiatement exécutées.

2e Partie comprise entre la rue Pinon et celle de Provence. — « Après avoir entendu le rapport des administrateurs du département des travaux publics et ouï sur ce le procureur de la commune, le corps municipal arrête ce qui suit : Article 1er. Il sera ouvert aux frais de la citoyenne Boulanger, veuve Pinon, et du citoyen Thévenin, sur le terrain dont ils sont propriétaires en commun, situé entre les rues Pinon et de Provence, deux nouvelles rues, suivant le plan par eux présenté et qui a été certifié véritable par le citoyen Thévenin, lequel a été visé par le citoyen maire et le secrétaire greffier ne varietur. — Art. 2e. Chacune des d. rues aura 30 pieds de large ; la première, qui sera nommée rue Boulanger, formera le prolongement de la rue Le Pelletier, et il sera établi aux frais des d. propriétaires des trottoirs de chaque côté de cette rue, de la même largeur que ceux qui bordent la d. rue Le Pelletier, en observant des pentes douces au droit des portes cochères pour éviter les ressauts. Les d. trottoirs seront également entretenus aux frais des d. propriétaires, etc… Signé Pache, maire ; Coulombeau, secrétaire. » — Cette autorisation ayant été confirmée par un arrêté du directoire du département de Paris, en date du 8 octobre suivant, ce prolongement fut immédiatement exécuté, mais sur une largeur de 36 pieds, conformément au plan du sieur Thévenin, et reçut le nom de rue Le Peletier. — Une décision ministérielle du 8 septembre 1821, et une ordonnance royale du 16 avril 1831, ont maintenu cette voie publique suivant la largeur de 36 pieds (11 m. 69 c.). Les constructions riveraines de la rue Le Peletier sont alignées. — Portion d’égout du côté de la rue Pinon. — Conduite d’eau depuis la rue de Provence jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Messire Louis Le Peletier, chevalier, marquis de Montméliant, seigneur de Mortefontaine, conseiller d’état, fut prévôt des marchands de 1784 à 1789.

Lescot (rue Pierre-).

Commence à la place de l’Oratoire ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 213 et 215. Le dernier impair est 27 ; le dernier pair, 24. La longueur du côté gauche est de 93 m. ; celle du côté droit de 52 m. — 4e arrondissement, quartier Saint-Honoré.

Cette rue existait déjà en 1267 ; elle était alors située hors des murs de Paris et portait le nom de Jean-Saint-Denis, qu’elle devait sans doute à Jean de Saint-Denis, chanoine de Saint-Honoré en 1258. Cette rue servit d’asile aux filles publiques. — Une décision ministérielle du 28 prairial an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette rue à 7 m. En 1807, les propriétaires riverains s’adressèrent à l’autorité supérieure pour obtenir le changement du nom de cette rue ; parce que, disaient-ils, la dénomination de Jean-Saint-Denis était proscrite dans l’opinion, cette rue ayant été habitée par des filles publiques. Par décision en date du 23 mai de la même année, le ministre de l’intérieur Champagny assigna à cette voie publique le nom de Pierre-Lescot en mémoire du célèbre Pierre Lescot, seigneur de Clagny et de Clermont, conseiller au parlement et chanoine de Paris, né en 1518 et mort en 1578. Il fut le premier architecte du Louvre.

La maison no  27 est alignée, toutes les autres constructions sont soumises à un retranchement de 1 m. 70 c. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lesdiguières (rue de).

Commence à la rue de la Cerisaie, no  2 ; finit à la rue Saint-Antoine, nos 226 et 228. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 170 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Ce n’était primitivement qu’un passage ouvert en 1765, et qui fut converti en rue en 1792. Son nom lui vient de l’hôtel du duc de Lesdiguières, qui était situé dans la rue de la Cerisaie (voyez cet article). — Une décision ministérielle à la date du 8 nivôse an IX, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 16 octobre 1830, cette largeur a été portée à 10 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont soumises à un retranchement qui varie de 2 m. à 2 m. 40 c. ; pour le côté opposé, le retranchement est de 2 m. — Conduite d’eau depuis la rue de la Cerisaie jusqu’à la borne-fontaine.

François de Bonne, duc de Lesdiguières, naquit en 1543, à Saint-Bonnet-de-Champsaut, dans le Haut-Dauphiné. Sa brillante valeur le fit choisir pour chef par les