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proportion de l’avantage qu’ils recevroient de l’ouverture de cette rue. Sa majesté auroit eu ce dessein agréable, et voulant qu’il soit exécuté, sa majesté estant en son conseil a ordonné et ordonne que la dite rue sera ouverte à travers les héritages, chantiers et marais estant vis-à-vis le pont de la Tournelle, et qu’à cet effet les maisons marquées sur le plan que les prevost des marchands et eschevins en ont fait lever par ses ordres seront démolies, etc… Fait au conseil d’état du roy, le 8 novembre 1687. » — Cet arrêt ne fut pas exécuté.

Une ordonnance royale du 7 juillet 1824 porte ce qui suit : « Vu les plans et procès-verbaux d’alignement des rues à former sur l’emplacement de l’ancien collége du cardinal Lemoine à Paris ; vu les contrats domaniaux des 18 frimaire an V, 9 brumaire an IX et 13 germinal an XIII, portant vente de cet emplacement, à charge par les acquéreurs de fournir le terrain nécessaire à l’ouverture des rues dont il s’agit, etc… ; nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Les alignements des trois rues à former sur l’emplacement de l’ancien collége du cardinal Lemoine à Paris, sont arrêtés conformément aux lignes noires tracées sur les plans ci-joints, et qui donnent à chacune des deux rues 12 m. de largeur. — Art. 2e. Elles seront ouvertes, quant à présent, sur les terrains qui devront être livrés gratuitement à la ville ; quant à celle de ces trois rues désignée sous le nom de rue du Cardinal Lemoine, et qui exigera des acquisitions de propriétés particulières, il sera pourvu à son achèvement, soit par mesure de voirie, soit en traitant de gré à gré avec les propriétaires des bâtiments à acquérir, soit en procédant, s’il y a lieu, à l’expropriation suivant les formes prescrites par la loi du 8 mars 1810. » — Des trois rues dont l’ouverture a été prescrite par cette ordonnance, une seule a été exécutée. Cette rue a 12 m. de largeur, et n’est pas entièrement bordée de constructions. Elle est fermée depuis 1838.

Collége du cardinal Lemoine. — La voie publique dont nous venons de parler ayant été ouverte sur l’emplacement de ce collége, nous allons rappeler ici son origine. Il fut fondé par Jean Lemoine, cardinal, qui vint en France en qualité de légat pour terminer la fameuse querelle qui s’était élevée entre Boniface VIII et Philippe-le-Bel. Le cardinal, pour établir son collége, fit choix de l’emplacement autrefois occupé par les Augustins et donna, dans les années 1302 et 1308, des règlements dans lesquels il désignait ainsi ceux qui habitaient cet établissement : les pauvres maîtres et écoliers de la maisons du Chardonnet.

Jean Lemoine mourut en 1313 ; son corps fut transporté dans la chapelle du collége qu’il avait fondé. Les parents du cardinal augmentèrent par de nouveaux bienfaits les revenus et le nombre des boursiers de ce collége. Un des descendants de Jean Lemoine établit, en mémoire du fondateur, une fête annuelle qu’on nomma la Solennité du cardinal Lemoine. La cérémonie avait lieu le 13 janvier. Un familier du collége jouait pendant la fête le personnage du cardinal. Revêtu d’habits pontificaux, il le représentait à l’église et à table, et recevait avec gravité les compliments en vers et en prose que lui adressaient humblement les élèves.

Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne assistaient à la célébration d’une messe solennelle en exécutant des morceaux de musique et de chant en l’honneur du cardinal. C’était un tribut de reconnaissance que ces artistes acquittaient pour les bienfaits que leur théâtre avait reçus de la famille du prélat, qui possédait dans leur salle une loge longtemps appelée loge du cardinal Lemoine. — Trois hommes célèbres, Turnèbe, Buchanan et Muret ont étudié dans ce collége, dont les bâtiments furent réparés vers 1757. Cet établissement, qui occupait une superficie de 4,160 m. environ, fut supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 21 messidor an V, à la condition suivante : « Que l’adjudicataire serait tenu de subir le retranchement pour le percement et l’alignement des rues projetées, sans avoir à prétendre pour raison de ce aucune indemnité contre la république vengeresse. » — Cette clause a été exécutée en partie par suite de l’ouverture de la rue du Cardinal-Lemoine.

Lenoir-Saint-Antoine (rue).

Commence à la place du Marché-Beauveau, nos 10 et 11 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Antoine, nos 152 et 154. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 158 m. — 8e arrondissement, quartier des Quinze-Vingts.

Elle a été ouverte en décembre 1778, sur les dépendances de l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs. Les lettres-patentes qui autorisent ce percement sont à la date du 17 février 1777 ; elles furent registrées au parlement le 24 août de la même année. Cette voie publique, dont la largeur avait été fixée à 44 pieds, ne fut exécutée que sur une dimension de 13 m. 50 c., maintenue par une décision ministérielle du 17 brumaire an XII, signée Chaptal. Les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau.

Nicolas Lenoir, architecte, surnommé le Romarin, naquit en 1726, et mourut le 30 juin 1810. Le marché Beauveau a été construit sur les dessins de cet artiste.

Lenoir-Saint-Honoré (rue).

Commence à la rue Saint-Honoré, nos 14 et 16 ; finit à la rue de la Poterie, nos 11 et 13. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 38 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Elle a été ouverte en 1787. La partie qui s’étend de la rue au Lard à celle de la Poterie, n’était anciennement qu’un petit passage qu’on nommait de l’Échaudé. — Une décision ministérielle du 24 juin 1817 et une ordonnance royale du 29 avril 1839, ont fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Propriété no  1, retranch.