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du Val-de-Grâce ; 136, 156, 158, 160, 170, 172, 174, 176, 178 ; 180, 182, 184, 218, 232, dépendances de l’institution des Sourds-Muets, 286, et 318. Les propriétés nos 161, 208, 210, 212, 214, et 316 ne devront subir qu’un faible redressement. — Égout : 1o depuis la rue Galande jusqu’à celle des Grés ; 2o au-devant du Val-de-Grâce. — Conduite d’eau entre les rues de la Parcheminerie et du Foin. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

À l’encoignure gauche de la rue des Noyers était située la chapelle Saint-Yves. Elle fut fondée et bâtie en 1348, un an après la canonisation de Saint-Yves, par Clément VI. Des écoliers Bretons, qui étudiaient à Paris, firent les frais de cette fondation. Saint-Yves, dont le nom de famille était Hélor, naquit auprès de Tréguier ; son père était seigneur de Kermartin. Saint-Yves vint à Paris à l’âge de 14 ans, pour apprendre la philosophie, la théologie et le droit canon ; à vingt-quatre ans il alla étudier le droit civil à Orléans ; et fut ensuite official de l’évêque de Rennes, puis de celui de Tréguier, et enfin curé de Lohance. Il mourut le 19 mai 1303. Les infortunés ne réclamèrent jamais en vain les conseils et la bienfaisance de Saint-Yves, qui mérita le beau nom d’Avocat des Pauvres. Les procureurs et les avocats l’adoptèrent pour patron, mais l’imitèrent rarement. Ils établirent une confrérie dans cette chapelle qui était d’une construction élégante ; sur le portail on voyait les statues de Jean VI, duc de Bourgogne, et de Jeanne de France sa femme. En 1790, cette chapelle, fut supprimée. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 6 mai 1793, et démolie en 1796 ; la maison qui porte sur la rue des Noyers le no  56 a été bâtie sur son emplacement.

La porte Saint-Jacques était située vers le milieu de l’espace qui se trouve entre la rue Soufflot et celle des Fossés-Saint-Jacques ; on l’appela aussi porte de Notre-Dame-des-Champs, parce qu’on y passait pour aller au faubourg et au monastère de ce nom. Elle faisait partie de l’enceinte de Philippe-Auguste. Ce fut par la porte Saint-Jacques que les troupes de Charles VII entrèrent dans Paris, le vendredi 13 avril 1436 ; cette porte fut abattue en 1684.

Au no  193 était situé le couvent des religieuses de la Visitation Sainte-Marie. À l’article du temple Sainte-Marie, nous parlerons de l’établissement de ces religieuses à Paris, vers 1619. Le nombre s’étant considérablement augmenté, l’archevêque de Paris leur accorda la permission, en 1623, d’établir un nouveau monastère. Elles achetèrent dans la rue Saint-Jacques la maison dite de Saint-André, dans laquelle elles entrèrent le 13 août 1626. Cet établissement fut confirmé en 1660, par lettres-patentes ; leur communauté fut supprimée en 1790, et vendue le 4 prairial an V. D’après l’acte d’aliénation, l’acquéreur était tenu de livrer sans indemnité le terrain nécessaire pour les nouveaux percements de rues. — « Au camp impérial de Varsovie, le 25 janvier 1807. Napoléon, etc…. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Article 1er. La rue, qui aux termes du contrat primitif de vente, doit être formée à travers les bâtiments et terrains de l’ancien couvent de Sainte-Marie, dit les Visitandines, à l’entrée du faubourg Saint-Jacques, n’aura son exécution qu’autant que les dames du refuge, dites de Saint-Michel, qui y ont établi depuis peu leur institution, cesseront d’être propriétaires de cet ancien couvent, etc… » — Ces dames se consacrent à l’éducation de la jeunesse ; leur couvent sert aussi de maison de correction pour les jeunes filles repenties, et pour celles qui sont détenues par mesure de police ou par inconduite, à la demande de leurs parents.

Au no  269 était situé le couvent des Bénédictins anglais. Par suite de la persécution que le roi Henri VIII exerça contre les catholiques, les bénédictins anglais, ainsi que tous les autres religieux du culte romain, se virent forcés de se cacher ou d’aller chercher un asile hors de l’Angleterre. Marie de Lorraine, abbesse de Chelles, en fit venir six à Paris, qu’elle établit, en 1615, au collége de Montaigu, puis elle les en tira pour les installer dans une maison du faubourg Saint-Jacques ; mais le refus qu’ils firent, en 1618, de se prêter à une nouvelle translation, les brouilla avec leur bienfaitrice et tarit la source de ses libéralités. Dans l’indigence où cet abandon les laissa réduits, ces religieux furent secourus par le père Gabriel Gifford, alors chef de trois congrégations italienne, espagnole et anglaise, qu’on avait réunies, en 1617, sous le nom de Congrégation Bénédictine anglaise. Il les logea d’abord dans une maison rue de Vaugirard, puis les transféra rue d’Enfer ; ils habitèrent ensuite une propriété que les Feuillantines avaient occupée ; enfin le père Gifford, devenu archevêque de Reims, leur acheta, en 1640, trois maisons rue du Faubourg Saint-Jacques où ils purent se fixer définitivement. Ces religieux obtinrent, en 1642, de l’archevêque de Paris, la permission de célébrer l’office divin dans leur chapelle, ce qui leur fut confirmé par des lettres-patentes de Louis XIV. En 1674, ils démolirent l’ancienne maison et la salle qui servait de chapelle ; puis construisirent de nouveaux bâtiments et commencèrent l’église. La première pierre en fut posée par mademoiselle Louise d’Orléans, depuis reine d’Espagne, et le roi contribua à la dépense pour une somme de sept mille livres. Cette église fut achevée et bénite le 28 février 1677, sous le titre de Saint-Edmond. Elle contenait le corps du malheureux Jacques II, roi de la Grande-Bretagne, mort à Saint-Germain-en-Laye le 6 septembre 1701. Son tombeau ne portait que cette inscription : Ci-gist Jacques II, roi de la Grande-Bretagne. — Le couvent des Bénédictins, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 13 fructidor an VII. — Un arrêté des Consuls, du 3 pluviôse an X, prononça la déchéance de l’acquéreur et les bénédictins anglais rentrèrent en possession de leur ancien établissement en vertu d’un autre arrêté des Consuls du 3 messidor an XI.