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Toutes les améliorations utiles, tous les embellissements proposés par le bureau de la Ville, étaient approuvés, encouragés par nos rois ; de là ces admirables monuments qu’on rencontre à chaque pas en visitant cette Rome moderne.

Il fallait avoir un grand fonds d’honneur et de probité pour être jugé digne de l’échevinage. Ce n’était qu’après avoir donné des preuves souvent répétées d’un grand talent, qu’on parvenait à la prévôté ; aussi cette institution, qui avait traversé cinq siècles, était toujours vigoureuse, même à ses derniers moments ; sa vieillesse était encore l’âge de sa beauté.

En parcourant la liste chronologique des prévôts et échevins, on ne rencontre qu’un seul homme accusé d’avoir manqué à ses devoirs. Deshayes, notaire, échevin en 1763, sous la prévôté de Pontcarré, seigneur de Viarme, ayant fait des opérations étrangères à sa profession, tomba par suite dans de mauvaises affaires. Un arrêt du bureau de la Ville du 17 janvier 1764 ordonna sa destitution. Il fut déclaré déchu de noblesse, et son nom, effacé comme indigne de figurer sur les monuments publics.

Quarante prévôts des marchands ont mérité par leurs talents et leurs vertus, l’honneur de la réélection. Parmi ces prévôts réélus, on compte

10 Conseillers d’état.
8 Conseillers du roi.
4 Conseillers au parlement.
4 Présidents aux enquêtes.
2 Présidents en la cour des aydes.
2 Maîtres des requêtes.
1 Audiencier de France.
1 Grand écuyer et panetier de France.
1 Notaire et secrétaire du roi.
1 Procureur général de la cour des aydes.
1 Président de la chambre des requêtes.
3 Seigneurs étrangers jusqu’alors aux fonctions publiques.
2 Dont les professions sont inconnues.

Total. 40

Par édit du Roi du 6 novembre 1706, les échevins furent comptés dans la noblesse : à partir de cette époque, ils eurent le droit d’ajouter à leurs noms le titre d’écuyer.

Tous les documents qui peuvent faire apprécier la belle institution de la prévôté des marchands méritent d’être mentionnés. Pour ce motif, nous transcrivons ici une partie du procès-verbal de l’élection de Claude Le Peletier, nommé prévôt des marchands le 16 août 1668.

« En l’assemblée générale du 16e jour d’aoust 1668, tenue en la grande salle de l’Hostel-de-Ville de Paris, suivant les mandements envoyez pour procéder à l’élection d’un prévôt des marchands et de deux eschevins nouveaux au lieu de ceux qui ont faict leur temps, sont comparus : messire Daniel Voisin, chevalier, seigneur de Cerisay, conseiller du roy, maître des requêtes de son hostel, prévost des marchands ; M. Lusson, conseiller du roy au siège présidial du Châtelet, MM. de Faverolles et Gaillard, tous trois eschevins, ainsi que Messieurs les conseillers et quartiniers d’ycelle.

Sur les sept heures du matin, Messieurs les prévost des marchands et eschevins, procureur du roy et greffier vestus de leurs robbes my party, accompagnés d’aucuns de Messieurs les conseillers de ville et quartiniers, sont allez entendre la messe solemnelle du Saint-Esprit dans l’église qui lui est dédiez, à l’issue de laquelle estant retournez en l’Hostel-de-Ville et pris leurs places au grand bureau, l’on a proceddé à l’ouverture des procès-verbaux des assemblées particulières tenues dans chacun quartier pour l’élection des quatre personnes notables ; dont deux doibvent demeurer pour porter leurs suffrages en cette assemblée générale ; et les noms de ces quatre notables ayant été escrits dans quatre billets différents et mis dans le chapeau my party, ceux dont les noms se sont escrits dans les deux premiers billets, et qui ont été tirez du dit chapeau, ont été retenus pour l’élection.

Sur les neuf heures du matin, les quartiniers ayant faict sçavoir à Monsieur le prévost des marchands que tous les mandez s’estoient rendus en l’Hostel-de-Ville, et Messieurs les prévost des marchands et eschevins, conseillers et quartiniers ayant pris leurs places ordinaires, et les mandez s’estant placez sur les bancs qui leur sont destinez, Monsieur le prévost des marchands a dit à la compagnie que cette assemblée avait été convocquée pour procéder à l’élection d’un prévost des marchands et de deux eschevins, que le Roy ayant envoyé une lettre de cachet au sujet de cette élection, il avoit esté arrêté dans l’assemblée du conseil de ville qu’elle seroit déposée au greffe pour estre lue en ce jour, après les ordonnances faites sur la forme de procéder à l’élection des prévost des marchands et eschevins.

Lesdittes ordonnances, lettres de cachet et le résultat de la ditte assemblée, ayant esté lus par le greffier, Monsieur le procureur du roy ayant pris la parole, auroit remercié au nom de toute la ville, Monsieur le prévost des marchands des soins, qu’il avoit pris pendant sa magistrature, et s’estant fort estendu sur les avantages que la Ville auroit reçus par son application et sa fermeté dans les occasions qui s’estoient présentées, auroit conclud à ce qu’il fust proceddé à une nouvelle élection d’un prévost des marchands et de deux eschevins en la manière accoutumée.

M. Voisin ayant expliqué les raisons de la conduite qu’il avoit tenue pendant sa prévosté, et faict le récit des affaires principales qui s’estoient passées durant sa magistrature, finit son discours par un remerciement à la compagnie en des termes très obligeants.