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  Des Graisses Animales. 157

& on la reconnoît aisément à ce qu’elle pique les yeux ; tantôt c’est celle du soufre, comme dans les matières fécales ; tantôt enfin, c’est celle du phosphore, comme dans le hareng pourri.

J’ai supposé jusqu’ici que rien ne dérangeoit le cours de la fermentation, & n’en troubloit les effets. Mais M. de Fourcroy & M. Thouret ont observé, relativement à des cadavres enterrés à une certaine profondeur & garantis jusqu’à un certain point du contact de l’air, des phénomènes particuliers. Ils ont remarqué que souvent la partie musculaire se convertissoit en une véritable graisse animale. Ce phénomène tient à ce que, par quelque circonstance particulière, l’azote que contenoient ces matières animales aura été dégagé, & à ce qu’il n’est resté que de l’hydrogène & du carbone, c’est-à-dire, les matériaux propres à faire de la graisse. Cette observation sur la possibilité de convertir en graisse les matières animales, peut conduire un jour à des découvertes importantes sur le parti qu’on en peut tirer pour les usages de la société. Les déjections animales, telles que les matières fécales, sont principalement composées de carbone & d’hydrogène ; elles se rapprochent donc beaucoup de l’état d’huile, & en effet elles en fournissent beaucoup par la distillation à feu nu. Mais