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M. Brentano ne s’arrête pas aux deux premières races de nos rois, les Mérovingiens et les Carolingiens. « La monarchie carolingienne a été une royauté militaire, dit-il, un gouvernement de conquérants intérieurs, si l’on peut s’exprimer ainsi… La monarchie capétienne, au contraire, a coordonné les éléments vitaux du pays, éléments dont elle s’est elle-même formée. » Je comprends mal plusieurs des termes employés dans cette antithèse ; mais je vois bien que l’écrivain voudrait creuser une démarcation nette et profonde entre notre seconde et notre troisième dynastie. Or, rien ne ressemble tant au dernier carolingien que le premier capétien. Leurs chancelleries parlent le même langage ; tous les deux se disent reges semper augusti. Les hauts officiers, domestici et ministres des capétiens sont d’origine carolingienne et même mérovingienne ; et longtemps avant l’avènement de Hugues Capet, le palatium des rois recevait la visite de barons et d’évêques, escortés de leurs vassaux et serviteurs.