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« deux années durant, des contrebandiers sillonnent ces provinces, prennent les villes d’assaut, se font servir des vins d’honneur sur les places publiques et mettent les contrées en coupe réglée », etc. etc.

Vous croyez sans doute que M. Brentano va exprimer quelques regrets, à propos d’effets évidemment fâcheux des vieilles libertés et franchises ; vous ne le connaissez guère :

« Telle est, dit-il, la multiplicité des libertés et franchises dont les sujets jouissent vis-à-vis du pouvoir central que dans ses prisons même ils en étaient indépendants ».

Voici comme toujours les preuves en abondance : un certain Chevalier, enfermé à For-l’Évêque pour distribution de faux billets de loterie, a dans sa chambre ses presses, ses planches et ses burins, et il continue à fabriquer de faux billets ; ses camarades se distrayent à le regarder travailler ; — un certain Saint-Louis, dit Legrand, est incarcéré « parce qu’on avait découvert le commerce auquel il se livrait, lequel consistait à fournir des filles à des gentilshommes, à des fermiers généraux et à de riches Anglais » ; ce Legrand, à For-l’Évêque, continue son métier, au profit des prisonniers ; — une dame de Coade, punie comme tenancière de jeux prohibés, donne à jouer au pharaon, jeu