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Eh oui ! dans un temps. À la Chambre des comptes — Camera compotorum — une certaine armoire enfouissait les mandements royaux refusés par Messieurs de la chambre — Chartæ refutatæ. — Et ce fut le bon temps. Mais quel roi, à partir du seizième siècle, où commença, comme a dit Brantôme, « la grande bombance », se trouva jamais gêné dans ses « dépenses personnelles » ? Qui croirait, à lire ces lignes de M. Brentano, que, si le roi n’avait pas violé toutes les règles sages de la royauté primitive, si, en particulier, ce prodigue ne s’était pas soustrait au conseil judiciaire qu’il s’était donné à lui-même, s’il n’avait interdit tout contrôle au moyen de ces ordonnances de « comptant », par lesquelles il dépensa des milliards, il régnerait encore, ce roi et il s’appellerait Philippe IX, ou Charles XIV, ou Louis XX ? Et nous serions ses loyaux serviteurs et sujets.