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Vous, messieurs, qui êtes-vous ? Nous savons que votre chef, M. le comte de Brockdorff-Rantzau, ministre d’Allemagne à Copenhague, força, en 1914, le Danemark à violer sa neutralité en fermant par des mines les détroits qui ouvrent la Baltique. Serviteur de l’ancien régime, il s’est rallié au nouveau ; il a dit : « Être comte, cela n’empêche pas d’être démocrate » ; mais être démocrate n’empêche pas M. de Brockdorff-Rantzau de demeurer comte. Il a l’attitude et le ton d’un Herr Graf. Un jour, il voulut bien expliquer incidemment le regret que les délégués de l’Allemagne à la Haye n’aient pas accepté l’arbitrage obligatoire ; depuis, nous n’avons entendu de lui que des menaces hautaines.

Mais puisque vous êtes venus et que c’est à vous que nous avons affaire, permettez que je vous donne un conseil : épargnez-nous certaines déclarations qui nous feraient sourire, ou même hausser les épaules.


Ne nous parlez pas au nom d’une Allemagne libre et démocratique. Qu’il y ait en Allemagne