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Certes, vous ne nierez pas que nous avons droit à réparation ; mais vous prétendrez en fixer le mode et la mesure. Hélas ! nous savons bien que vous ne seriez pas en état de payer le prix du crime, le wergeld, s’il était taxé à sa juste valeur. Une transaction est consentie par nous ; mais vous nous avez avertis que vous êtes résolus à ne pas l’accepter dans les termes qu’elle vous sera présentée.

Nous connaissons votre principal argument : vous ne voulez pas, dites-vous, être condamnés aux travaux forcés pour payer vos annuités. Et nous donc, ne serons-nous pas forcés de travailler pendant des années pour reconstruire nos villages disparus, relever les ruines de nos villes effondrées, refaire nos usines dépouillées et détruites, remettre nos mines en état, reconstituer notre sol, effacer les sinistres paysages lunaires que votre barbarie y a dessinés. Voilà les travaux forcés, qui vous seront épargnés à vous qui n’avez été que légèrement touchés par des obus d’avions, et gardez intacts vos villages, vos villes, vos usines, vos mines et vos champs, et qui célébrez en ce moment le succès quasi mondial de la foire de Leipzig.


Messieurs, un dernier mot, qui sera une redite. Ce n’est pas vous qu’il convenait d’envoyer à Versailles. Vous êtes compromis avec