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Historique du Théâtre.

L’idée d’édifier un Théâtre modèle, spécialement destiné à l’exécution de ses grands drames, et expressément construit en vue de cette affectation, a longuement germé dans l’esprit de Wagner avant qu’il lui fût donné de la mettre à exécution.

Déjà, en 1836, dans une Communication à mes amis, on voit Wagner déclarer qu’il n’écrit plus dorénavant des « pièces de répertoire », et que son désir est de voir ses œuvres représentées « à un endroit fixe et dans des conditions spéciales ».

En 1853, après le succès de ses concerts à Zurich, il avait déjà conçu l’idée d’établir un théâtre sommairement construit, mais approprié à toutes ses exigences, en Suisse, pour y faire représenter, pendant un an, toutes ses œuvres, y compris la Tétralogie de l’Anneau, ainsi qu’il ressort d’une lettre adressée à son ami Rœckel, prisonnier politique à Waldheim, alors que lui-même était exilé, et datée de Zurich, 8 juin 1853.

Plus tard, en 1862, dans la préface de l’Anneau du Nibelung, il exprima encore plus nettement le désir de construire un théâtre nouveau pour y instituer des fêtes théâtrales, et là il émet cette idée que le concours des particuliers serait nécessaire, et surtout la haute protection d’un souverain… curieux pressentiment, car deux ans après, en 1864, l’avènement au trône de Bavière du roi Louis II, âgé de dix-neuf ans, vint mettre le comble à ses vœux. De 1865 à 1870, Tristan, les Maîtres Chanteurs, l’Or du Rhin et la Walkyrie furent représentés à Munich. Alors fut décidée en principe la construction d’un Théâtre de Fêtes ; le roi l’aurait voulu à Munich ; Wagner ne le voulut pas.