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pour la première fois, résolut alors, pour se présenter au public parisien et l’initier à sa musique, de donner quelques concerts, qu’il organisa aussitôt à la salle Ventadour. Les répétitions eurent lieu à la salle Beethoven, passage de l’Opéra. Hans de Bulow conduisait les chœurs, composés en grande partie d’amateurs allemands. Au programme figuraient l’Ouverture du Vaisseau fantôme, plusieurs pièces de Tannhauser et de Lohengrin et le Prélude de Tristan.

Wagner atteignit son but et attira sur lui l’attention du monde dilettante, mais le résultat financier des trois premiers concerts fut maigre ; aussi, après avoir constaté le déficit de 6,000 francs, n’accepta-t-il pas l’offre que le maréchal Magnan lui faisait, de la part des Tuileries, de la salle de l’Opéra pour une quatrième audition. Il donna deux concerts à Bruxelles, qui ne furent pas plus heureux, pécuniairement parlant.

Un découragement bien légitime commençait à le prendre, lorsqu’un intelligent patronage vint lui apporter un appui sur lequel il ne comptait pas. Mme de Metternich et quelques membres de la colonie allemande à Paris surent si bien intéresser Napoléon III en sa faveur, que le souverain, généralement assez indifférent aux choses musicales, donna l’ordre de monter Tannhauser à l’Opéra. Tout d’abord cette nouvelle n’enchanta pas le Maître, qui craignait avec raison le public, fort travaillé par une presse hostile, devant lequel il allait avoir à produire son œuvre ; pourtant la direction se montra si large quant aux questions de mise en scène, si empressée à fournir à l’auteur toutes les répétitions voulues, tous les artistes dont il pouvait désirer le concours (on avait engagé exprès pour le rôle de Tannhauser le ténor allemand Nieman, qui avait une bonne prononciation française), que Wagner se