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nait alors au théâtre de Dresde, où son nom n’était pas inconnu et où chantaient alors Mme  Devrient et le célèbre ténor Tichatschek. Il termina son ouvrage en novembre et l’envoya à Dresde, où il fut immédiatement reçu. Il y fut exécuté en 1841.

C’est à cette époque, 1840, que Meyerbeer, de passage à Paris, le fait entrer de nouveau en relations avec Léon Pillet, le directeur de l’Opéra, à qui il soumet l’esquisse de son poème le Hollandais volant, appelé depuis en France le Vaisseau fantôme, emprunté en partie à la légende recueillie pendant la traversée, et en partie au Salon de H. Heine. L’idée plut tellement à Pillet, qu’il lui proposa… de la lui acheter pour la faire traiter par un autre. Wagner refusa tout d’abord énergiquement, comptant reprendre la question plus tard, quand Meyerbeer, de nouveau absent, pourrait lui prêter son appui ; et il se mit, pour se procurer les secours pécuniaires dont il avait le plus grand besoin, à écrire dans la Gazette musicale plusieurs articles, entre autres Une Visite à Beethoven, et la Fin d’un musicien allemand à Paris, qui eurent assez de succès. Il fit aussi, pour augmenter ses ressources, les réductions au piano de la Favorite, l’Elisire d’Amore, la Reine de Chypre et le Guittarero, puis des arrangements d’opéras pour piano et… pour cornet à pistons !

L’hiver 1841 se passe à lutter ainsi avec la misère. Au printemps, apprenant que son projet du Hollandais volant a été divulgué à un auteur qui s’apprête à en tirer parti, il se décide à en céder la propriété pour la France. Avec la modeste somme qu’il en relire (500 francs) il se réfugie à Meudon et, reprenant l’idée dont il a été dépossédé, il se met à la traiter en vers allemands.

Ce n’est pas sans une profonde émotion qu’ayant fait venir chez lui un piano, il se demande s’il sera encore