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En 1837 il obtient le poste de Directeur Musical du théâtre de Riga. Il écrit alors plusieurs morceaux et un commencement d’opéra bientôt abandonné, parce qu’il s’aperçoit avec dépit qu’il est en train de faire de la musique « à la Adam ».

Il éprouve alors le besoin de s’atteler à une œuvre importante, dans laquelle il donnera libre essor aux facultés artistiques qu’il sent grandir en lui. Il se met au travail avec ardeur, et quand il quitte Riga en 1839, les deux premiers actes de son Rienzi sont achevés. L’espoir de faire exécuter son ouvrage sur une grande scène le détermine à partir pour Paris.

Il s’embarque avec sa femme et son chien, un grand danois du nom de Robber, sur un voilier à destination de Londres.

C’est pendant la traversée, qui fut terrible, se prolongea trois semaines, et au cours de laquelle le navire dut chercher un refuge dans les fjords de Norvège, que Wagner recueillit de la bouche des matelots la légende du Hollandais volant. Il garda de cette lutte grandiose avec les éléments déchaînés, et durant laquelle il vit plusieurs fois la mort face à face, une profonde impression, qui mûrit son génie et eut sur lui une influence décisive.

Après un arrêt insignifiant à Londres, il débarqua à Boulogne, où il séjourna quatre semaines. Il y fit la connaissance de Meyerbeer, qui parut écouter avec intérêt les deux actes de Rienzi et lui donna des lettres d’introduction pour Léon Pillet, directeur de l’Opéra, l’éditeur Schlesinger, propriétaire de la Gazette musicale, et diverses autres personnes. Le jeune compositeur arriva à Paris armé d’espérances qui se résolurent presque toutes en déceptions : Meyerbeer, éloigné constamment de la capitale à cette époque, ne put rendre effectif le bienveillant