Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/554

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aiguë, et des registres divers, mais il ne tient et ne doit tenir aucun compte de l’effort exigé pour passer d’une note à l’autre, pour changer constamment de tonalité, pour franchir des intervalles difficiles ; il ne cherche ni à être facile ni à favoriser les effets de virtuosité du chanteur ; l’accent dramatique, la déclamation chantée et notée, passent pour lui avant toute autre considération, et c’est par ce moyen qu’il obtient la vérité de la parole, la cohésion absolue entre le poème et le récitatif mesuré que les chanteurs doivent débiter en scène, pendant que dans l’orchestre se déroule la trame symphonique, deux éléments d’égale importance. — L’interprète wagnérien doit aussi avoir de véritables qualités de tragédien; car il y a autant à jouer et mimer qu’à chanter, et la moindre faute, la moindre maladresse scénique devient ici l’équivalent d’une fausse note : c’est une discordance.

Mais ce qu’il lui faut indispensablement, c’est une souplesse et une docilité à toute épreuve à toutes les observations qui lui seront faites, d’ailleurs avec une douceur et une urbanité parfaites, par les répétiteurs chargés de l’étude des rôles, par M. J. Kniese, qui remplit depuis de longues années les fonctions de Chef du chant, et surtout par Mme  Wagner, qui veille maternellement sur les merveilles confiées à sa garde, assiste et prend part active à toutes les études et répétitions, possède mieux que qui que ce soit la précieuse tradition et n’entend pas la laisser péricliter, ce en quoi elle a bien raison.

Chaque rôle a été minutieusement réglé par Wagner jusque dans ses plus petits détails; il n’y a pas d’effets à