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état de contemplation surnaturelle et d’idéalisme presque chrétiens.

Je donne ici, dans les quatre pages suivantes, une sorte de maquette montrant de quelle curieuse manière une si prodigieuse combinaison a pu être résolue, et en indiquant, à peu près, l’orchestration merveilleuse.

Ce qui attire d’abord l’attention, c’est le majestueux thème du Walhalla, confié à la famille des Tubas et à la Trompette-basse (les cuivres wagnériens), s’épandant avec solennité dans la mesure à 3/2 ; lorsque ce motif se tait momentanément, les Tubas sont remplacés par les Trombones, avec lesquels ils ne se confondent pas. — Pendant ce temps, aux Violoncelles, aux Altos et aux Harpes se dessine le mouvement ondulatoire des flots du Rhin, avec son rythme habituel à 6/8. — Les Hautbois et Clarinettes, auxquels s’adjoignent plus tard le Cor anglais et la 3me flûte, rappellent les souples évolutions des nageuses Filles du Rhin. — Ce n’est qu’en dernier qu’apparaît aux Violons, 1er et 2ds renforcés par deux flûtes, le thème resplendissant comme une merveilleuse apothéose, La Rédemption par l’amour, celui-ci dans une large mesure à 2/2, et tellement grand, tellement sublime en cette suprême transformation, que l’on se sent transporté dans les sphères de l’inconnu.

On retrouve ensuite La Puissance divine, qui s’effondre en traits de basses précipités ; on assiste à l’embrasement et l’écroulement du Palais des dieux, une dernière fois retentit la vaillante sonnerie du Gardien de l’épée, tandis que plane encore plus haut, dans les espaces célestes, comme une dernière et suprême bénédiction, la phrase consolatrice si douce et si noblement empreinte de sérénité, en laquelle se résume tout le drame : La Rédemption par l’amour !