Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/506

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant que l’exaltation, encore excitée par le pétillement incessant des Flammes, atteint au paroxysme de l’intensité ; soudain, avec un entraînant éclat de son ancien Cri de Walkyrie, elle enlève son noble cheval au galop, et tous deux vont s’effondrer dans le brasier ardent !

Les flammes s’élèvent, le feu siffle, les motifs de Loge et des Flammes font rage, Le Sommeil éternel s’étend largement, Le Rhin monte et envahit la scène ; La Malédiction de l’anneau se fait entendre encore une fois, mais brisée, inachevée ; le tenace Hagen se précipite dans les flots pour saisir l’anneau, que, joyeuses, ont enfin reconquis Les Filles du Rhin.

Le drame est accompli,… mais il reste à entendre un prodigieux Épilogue purement instrumental, pendant lequel l’émotion, qui semble à son comble, va pourtant s’accroître encore, et cela par la seule puissance de la musique et des combinaisons harmoniques des Leit-motifs. Pendant que le Rhin, s’apaisant graduellement, entraîne en son cours Les Filles du Rhin jubilantes, folâtrant avec leur anneau d’or, pendant que Le Walhalla, perdu à tout jamais, définitivement condamné, mais toujours superbe et solennel, s’éclaire des lueurs de l’incendie naissant qui va le dévorer et l’anéantir, vient planer au-dessus de tout, comme l’enivrant et suave parfum qui s’exhale de l’âme pure de Brünnhilde, comme l’épanouissement de son immense tendresse, le chant radieux de la Rédemption par l’amour, devenant de plus en plus éthéré… Tous ces motifs s’échelonnent comme dans un rêve prophétique et lumineux, sans se confondre, chacun conservant immuable son caractère, soit grandiose, soit enjoué, soit extatique, et il en résulte une impression complexe, indéfinissable, profondément troublante, qui plonge l’âme attendrie, après toutes ces scènes d’essence mythologique, dans un