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le rauque appel de Hagen, emprunté à La Servitude ; d’ici à la mort de Gunlher, l’orchestre se meut sur un petit nombre de motifs : L’Appel du fils des bois, transformé en mineur, Le Regret de l’amour ; à l’arrivée du corps, Siegfried gardien de l’épée, qui n’est plus représenté que par ses premières notes, Le Meurtre, La Justice de l’expiation, L’Anneau, La Malédiction, Le Sort. C’est sur ce dernier que Gunther est frappé.

Aussitôt Hagen veut s’emparer de la bague magique ; aussitôt aussi le bras du cadavre de Siegfried se redresse menaçant, serrant l’anneau dans son poing fermé, avec un terrifiant éclat de L’Épée, qui, même mort, le protège.

Alors, sur un large dessin formé du Déclin des dieux, des Nornes, du Rhin, et se terminant tragiquement par Le Sort, apparaît Brünnhilde. À la fin de sa première phrase, le développement du Sort nous donne le chant de La Mort. Elle congédie Gutrune, lui rappelant sa perfide Bienvenue, et, par le thème de L’Héritage du monde, se proclame la seule véritable épouse du héros mort ; sur un dernier rappel de La Trahison par la magie, Gutrune maudit Hagen auquel elle a obéi, et se retire honteuse et désolée.

À partir d’ici, le personnage de Brünnhilde remplira seul cette inoubliable scène de terreur grandiose et resplendissante, tellement splendide et émotionnante qu’elle ne saurait être décrite.

Pendant que Brünnhilde ordonne qu’on élève un bûcher, qu’on aille chercher son cheval, les motifs dominants sont : La Puissance divine, Le Charme des flammes, Siegfried gardien de l’épée, La Chevauchée ; ensuite reparaissent de tendres souvenirs, avec Le Salut à l’amour et un rappel de L’Épée (que nous entendons ici pour la dernière fois) ; ces touchants accents sont brusquement coupés par les trois significatifs coups d’orchestre que nous