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il est bon de les retenir à l’avance si l’on ne veut pas aller à pied, ce qui constitue d’ailleurs une charmante promenade d’environ vingt minutes, par les contre-allées ombragées accompagnant l’avenue principale. Les landaus et victorias, guimbardes quelque peu démodées, faites pour être traînées par deux chevaux, n’en ont jamais qu’un seul, attelé au côté droit de la flèche, la cavalerie étant insuffisante aussi, ce qui leur donne un aspect du plus comique effet.

Si vous êtes arrivé dans les premiers, vous avez tout le loisir d’examiner les nouveaux venus et de constater que les toilettes ont singulièrement gagné en élégance depuis quelques années. Autrefois tout le monde se contentait du simple costume de voyage ; puis, peu à peu le niveau a monté, et si l’on voit encore quelques tenues de touristes, elles sont en minorité. Je parle ici surtout pour les dames, qui arborent les toilettes claires et franchement habillées. Le seul point gênant pour elles c’est le chapeau, qu’elles ne consentent pas à confier aux vestiaires pendant les actes, durant lesquels il leur est pourtant sévèrement défendu de le garder sur la tête. Elles se résignent donc à le tenir sur leurs genoux, ce qui n’est que médiocrement commode.

Ce moment d’attente en plein air et en plein jour, car les représentations commencent à quatre heures, est tout à fait charmant. (On commence par exception à cinq heures le jour du Rheingold.) La situation du théâtre, habilement choisie par Wagner, dominant la riante campagne, avec la ville pour premier plan, et les bois et les prés de cette verte Franconie comme horizon, est absolument séduisante. Par exemple, il ne faut pas qu’il pleuve ; car le bâtiment, si bien combiné pour le reste, n’offre, sous ses galeries extérieures ouvertes à tous les vents, qu’un