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le rideau se lève… nous ne sommes nullement surpris de nous trouver au fond d’un large fleuve coulant à pleins bords ; notre esprit l’avait déjà conçu tel que le montre le décor.

[Ce prodigieux motif, qu’on appelle souvent motif de l’Élément Originel, restera destiné, dans toute la « Tétralogie », à personnifier Le Rhin, et néanmoins ses rappels ne seront pas des plus fréquents. En dehors du Prologue, qu’il encadre, nous le retrouverons seulement, d’une façon incidente, esquissé en passant dans la 1re  scène de « Siegfried », simplement parce que celui-ci, dans son langage imagé, parle de poissons qui nagent ; il reprend la plus grande importance dans le « Crépuscule », toutes les fois qu’il est question de rendre son bien au Rhin, considéré ici comme représentation de l’élément primordial, l’eau.

Mais son importance capitale domine l’œuvre entière, et se manifeste en ceci que la plupart des motifs les plus essentiels sont formés de ses éléments constitutifs, c’est-à-dire des sons harmoniques naturels (l’accord parfait majeur), groupés de différentes façons et plus ou moins ornés de notes de passage que tout musicien saura discerner. Parmi ceux qui en dérivent ainsi le plus indubitablement et qu’on rencontrera par la suite, je citerai principalement : Les Filles du Rhin, L’Or du Rhin, Les Pommes d’or, Les Nornes, Le Déclin des Dieux, L’Incantation du Tonnerre, L’Arc-en-ciel, L’Épée, La Chevauchée des Walkyries, Le Sommeil de Brünnhilde,… dont la signification, soit matérielle, soit psychologique, soit métaphysique, permet toujours d’établir un lien quelconque entre eux et l’idée de l’élément originel.]

Voici donc ce très important motif sous quelques-unes des formes principales qu’il revêt successivement dès le début du Prélude,

LE RHIN
[partition à transcrire]