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dans la vaste salle du restaurant qui se trouve aux alentours et qui, lui aussi, se fait élégant et s’enguirlande des couleurs bavaroises, pour recevoir dans quelques jours les nombreux hôtes auxquels il servira les menus les plus variés d’une bonne cuisine française. En attendant, il fournit au personnel du théâtre un très confortable dîner (en Allemagne on dîne à une heure) pour la modeste somme de 1 mark. Rien de plus amusant que ces réunions où l’on voit Siegfried fraterniser avec Mime, et Parsifal nullement effarouché par la présence des Filles-Fleurs. À une table dressée en plein air dîne, toujours entouré d’un groupe familial, M. Hans Richter, que sa barbe, d’un blond ardent, son chapeau à larges bords et son veston de velours feraient reconnaître entre mille.

Mais l’heure sonne ; c’est le moment de se remettre au travail : le grand break, attelé de deux chevaux blancs, bien connu des habitants de Bayreuth, arrive et, décrivant une courbe savante, dépose devant le perron du théâtre l’inspiratrice et l’oracle de tout ce petit peuple, Mme  Wagner, la vaillante dépositaire des traditions et des volontés du Maître, dont l’activité ne se dément jamais, et qui assiste à toutes les études, veillant aux moindres détails. Voilà aussi M. von Gross, qui seconde les efforts de Mme  Wagner de toute sa compétence des affaires et de son dévouement éclairé.

On se dirige alors du côté de la salle, dont la porte se referme, gardée consciencieusement par un vieux serviteur de Wahnfried. Le silence se fait jusqu’à la tombée de la nuit et n’est plus troublé que par les rares promeneurs, habitants de la ville, qui montent parfois jusque-là pour jouir du panorama et des splendides couchers de soleil qu’on a des jardins en terrasses avoisinant la salle des Fêtes.

Les répétitions ordinaires sont rigoureusement à huis