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Une chose très intéressante c’est l’insistance extraordinaire avec laquelle Wagner, au début de beaucoup de ses Préludes, établit la tonalité ; on chercherait vainement des exemples analogues chez tout autre compositeur ; c’est surtout dans la Tétralogie, où toutes les proportions sont gigantesques, que ce système s’affirme d’une façon saisissante.

Dans l’Or du Rhin, les 136 premières mesures reposent sur un seul et unique accord parfait en mi ♭ majeur ; le Prélude de la 2e scène ne contient, pendant 15 mesures, que des accords parfaits à l’état fondamental, appartenant au ton de bémol ou aux tonalités voisines, et venant aboutir dans le ton de la dominante ; l’enchaînement de la 2e scène à la 3e se fait au moyen d’une pédale de dominante, sur fa, d’abord inférieure, puis supérieure, qui se prolonge pendant 55 mesures.

Dans la Walkyrie, au 1er  acte, la tonalité est établie au moyen d’une pédale supérieure de tonique qui dure 64 mesures, après lesquelles on reste encore longtemps sans s’éloigner du ton de . Au 3e acte, la prédominance du ton de si mineur, accusée par la dominante fa #, s’accentue et se maintient pendant 34 mesures, jusqu’au lever du rideau.

Dans Siegfried, au 1er  acte, une longue pédale inférieure de dominante sur la note fa pendant 50 mesures, laquelle devient pédale supérieure pendant 33 autres mesures, et à laquelle succède une pédale de tonique de 12 mesures sur si ♭, voilà de quoi bien affirmer une tonalité.

Dans le Crépuscule des dieux, au 3e acte, c’est encore plus marqué, car le ton de fa n’est pas quitté pendant 149 mesures embrassant non seulement le Prélude, mais encore le Trio des Ondines qui le suit.

Citerai-je encore le premier Prélude de Parsifal, qui,