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un tertre, et ne répond que par des signes de tête aux questions pleines daménité et de bienveillance que lui adresse, sans le reconnaître, le pieux ermite. Le vieillard l’invite à quitter son appareil de combat, qu’il n’est pas convenable de porter dans le domaine sacré : on n’y doit pas marcher en armes, la visière baissée, surtout en ce jour anniversaire de la divine expiation du Sauveur. Parsifal lui fait comprendre par un geste qu’il ignorait être au Vendredi Saint, puis, se levant, il plante en terre la lance qu’il tenait à la main, il dispose à côté son épée et son bouclier ainsi que son casque, et, s’agenouillant, il se recueille dans une ardente prière. Gurnemanz, qui avec Kundry a suivi, étonné, les mouvements du chevalier, le reconnaît alors ; il est saisi d’émotion à sa vue ; Kundry, elle aussi, est troublée en présence de Parsifal et détourne la tête.

Le pur héros, qui est sorti de sa méditation, se relève, et, s’adressant enfin au vieux chevalier, lui témoigne le bonheur qu’il éprouve de se retrouver, après tant d’efforts, sur cette terre du Graal dont il a vainement cherché l’accès pendant si longtemps : la malédiction terrible qui pesait sur lui l’égarait sans cesse quand il croyait toucher au but, lui suscitant d’innombrables ennemis, dont il reçut de nombreuses blessures, car il ne devait pas employer, pour combattre, la sainte lance enfin reconquise avec l’aide divine, et qu’il voulait rapporter intacte, pure de toute souillure, au sanctuaire où elle brillera désormais d’un éclat immaculé. Gurnemanz se sent envahir par une émotion intense à la vue de l’arme sacrée qu’il a si longtemps désiré contempler de nouveau et dont le retour doit changer les tristes destinées du Graal en une nouvelle ère de gloire et d’allégresse.

Il apprend à Parsifal la grande détresse de la noble et