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témoin là-haut au Montsalvat ; il se rappelle les lamentations de l’infortuné qui a failli à sa mission divine ; il entend jusqu’aux plaintes de ce Dieu de miséricorde et de bonté dont on a trahi et souillé le sanctuaire, qui ont retenti au plus profond de san cœur et l’ont illuminé d’une prescience mystique. Cette terrible vision le sauvera des sortilèges amoncelés pour sa perdition ; et quoique la corruptrice ait allumé dans ses veines, par son infernal baiser, un feu qui le torture et le dévore, il la repousse avec violence, ainsi qu’aurait dû le faire Amfortas lorsqu’elle lui offrit les fatales séductions de sa beauté maudite. C’est en vain que Kundry, prise maintenant à ses propres pièges, le conjure de répondre à l’amour qu’elle sent vibrer en elle, en vain qu’elle cherche à exciter sa pitié en lui révélant les souffrances quelle endure depuis l’outrage qu’elle jeta jadis à la face du Sauveur, le poursuivant de son rire cruel et impie, en vain qu’elle le supplie de la régénérer et de la racheter en partageant sa passion : Parsifal ne se laisse pas vaincre, un rayon divin a inondé son âme et éclairé sa route. Si la pécheresse veut le suivre dans la voie du renoncement et du sacrifiée, il purifiera son esprit pervers, il lavera et effacera le passé criminel dans la source de vie et de vérité ; là seulement est le salut pour elle comme pour tous ceux qui ont péché ; mais, pour mériter cette grâce inespérée, il faut qu’elle aide celui qu’elle voulait perdre en lui facilitant l’accomplissement de sa mission sacrée et qu’elle lui fasse retrouver les routes mystérieuses et inaccessibles qui le mèneront vers Amfortas.

Kundry, en entendant prononcer ce nom, éclate de son ricanement infernal et maudit, puis, ivre de colère et d’amour, elle supplie et menace tour à tour le héros, lui promettant, s’il cède à ses séductions, de le guider dans les