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maudit qui a causé de si grands malheurs ; c’est elle aussi qui, embrasant le Walhalla d’un incendie grandiose, déterminera la fin des dieux. Wotan alors rompt le charme qui retenait la prophétesse ; elle disparaît dans l’abîme, qui est de nouveau plongé dans l’obscurité ; la tempête se calme, et le voyageur attend, silencieux, l’arrivée de Siegfried.

L’aube matinale commence à éclairer la scène ; l’oiseau prolecteur s’approche en voletant, puis tout à coup inquiet, car il a aperçu les deux corbeaux qui accompagnent toujours le Maître du Monde, il disparaît à tire-d’aile.

Siegfried s’avance joyeux en suivant le chemin que lui a indiqué l’oiseau.

Scène ii. — Le dialogue s’engage entre lui et Wotan qui l’interroge, et à qui il raconte son odyssée, son exploit avec le dragon, l’épée merveilleuse qu’il a entre les mains et la douce conquête qu’il aspire à faire.

Ces paroles ravivent momentanément chez le dieu l’angoisse des événements qui vont se dérouler et qu’il acceptait tout à l’heure encore avec une ferme volonté ; une dernière fois il est tenté d’agir, et cherche à s’opposer à la marche du jeune héros. Siegfried veut suivre quand même la route que l’oiselet lui avait montrée avant de fuir la présence des corbeaux de Wotan ; il s’irrite contre l’importun qui veut lui barrer la route, et déclare qu’il le privera, s’il résiste, du seul œil qui lui reste ; mais le Voyageur, dédaignant le courroux du jeune téméraire et se disant gardien du rocher où dort Brünnhilde, menace de ses flammes l’audacieux qui veut passer outre ; dans un accès de colère, il lui ferme le passage avec sa lance, Siegfried, dont l’impatience est à son comble, tire son épée et en frappe lépieu de Wotan, qui se brise avec fracas. Le