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son épée, se place résolument en face de lui. Le dragon, essaye vainement de lui lancer sa bave mortelle et de l’enlacer dans sa queue pour le broyer : le jeune héros déjoue ses calculs et, profitant d’un instant où son ennemi se retourne, il lui enfonce Nothung dans le cœur. Fafner expirant admire le courage de cet enfant qui a osé le braver ; il lui révèle quelle personnalité il cachait sous cette forme hideuse, et ses dernières paroles sont un utile avis à Siegfried, qui devra se tenir en garde contre les noires menées de celui qui l’a conduit jusqu’ici ; puis il roule inanimé sur le sol. Au moment où Siegfried retire son épée de la poitrine du monstre, sa main est inondée d’un sang brûlant qui sort de la blessure ; il porte involontairement ses doigts à ses lèvres pour essuyer le sang, puis il reste un instant rêveur. Soudain son attention est attirée par le chant des oiseaux, dont il lui semble maintenant comprendre la signification. Est-ce d’avoir goûté au sang qui opère en lui un tel prodige ? L’oiseau, dans un langage intelligible, lui conseille de pénétrer dans la caverne et de s’emparer du Tarnhelm et de l’anneau, dont il lui révèle la puissance. Le héros remercie son gracieux protecteur et disparaît dans les profondeurs de la grotte.

Scène iii. — Pendant qu’il l’explore, Mime sort de sa retraite, et, ne voyant plus Siegfried, veut se diriger vers la caverne, lorsque Alberich, surgissant à son tour de sa cachette, lui barre le passage. Une furieuse discussion s’engage alors entre les deux nains au sujet du trésor convoité. Mime finit par proposer un partage à son frère, qui le repousse avec dédain : il lui offre l’anneau et gardera pour lui le Tarnhelm, pensant, dans sa ruse, qu’il lui sera facile, plus tard, à laide du casque enchanté, de ravir la bague à son frère. Celui-ci refuse avec mépris ; la querelle s’envenime, et, chacun se jurant à lui-même que le trésor