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cette plate-forme se trouve une grotte. Au milieu du théâtre s’ouvre un passage étroit avec un chaos de rochers à l’arrière-plan ; puis, vers la gauche, encore un amoncellement de blocs dans lequel sélève une route qui fait un coude et va aboutir aux rochers du fond.

Wotan remet entre les mains de sa fille préférée, la vierge guerrière Brünnhilde, le sort de Siegmund, qu’il veut voir sortir vainqueur de la lutte avec Hunding. La Walkyrie se retire, heureuse de la mission qui lui est confiée, en poussant son cri de guerre et annonçant à son père la venue de la déesse Fricka, qui s’avance dans un char conduit par deux béliers et vient combattre la résolution de son époux.

L’amour coupable de Siegmund et de Sieglinde l’offense, elle, la gardienne des liens sacrés du mariage et de la famille, et elle réclame la victoire pour Hunding, le mari outragé, qui lui a confié sa défense. En vain le dieu soutient-il la cause de ceux qui s’aiment et qu’il trouve libres de suivre l’entraînement de leur amour ; en vain expose-t-il à la déesse les motifs impérieux qu’il a de conserver Siegmund pour accomplir l’acte qui devra sauver les dieux du péril extrême : la déesse, déjà maintes fois blessée par les infidélités de son volage époux, a bien voulu consentir à supporter la présence des Walkyries, ses filles illégitimes, qui du moins, elles, sont respectueuses de son autorité ; mais que le dieu vienne à présent protéger le couple criminel, vivant témoignage de ses amours avec une mortelle, alors que, sous le nom de Wälse, il errait dans les forêts, cela, elle ne le tolérera pas.

Wotan, au fond de sa conscience, est forcé de reconnaître la légitimité des revendications de sa compagne. Ne représente-t-elle pas l’ordre établi, la sagesse des choses, et n’a-t-il pas jadis payé sa précieuse conquête,