Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Scène iii. — Une épaisse vapeur jaillit de la crevasse par laquelle ils sont passés (la faille du soufre) et enveloppe le paysage de nuages opaques qui assombrissent toute la scène et la plongent dans une totale obscurité. Quand les ténèbres se dissipent, on se trouve dans un vaste souterrain hérissé de rochers ; à droite, au fond, un passage descendant de la surface de la terre ; à gauche, dans une caverne, une forge avec des lueurs incandescentes et des tourbillons de fumée rougeâtre.

C’est le royaume des Alfes noirs, où Alberich, grâce à l’anneau magique qu’il a forgé avec l’Or du Rhin, commande aux autres Nibelungs et leur fait fouiller les profondeurs du sol pour en extraire les richesses accumulées ; il s’est fait fondre par l’un d’eux. Mime, habile forgeron, les mailles d’un heaume enchanté, le « Tarnhelm », qui le rendra invisible. Mime aurait bien voulu, par malice, conserver son ouvrage ; mais Alberich, grâce au talisman, se dérobe à la vue de son esclave et le roue de coups. Les plaintes du misérable sont entendues de Wotan et de Loge qui descendent par l’orifice de la caverne. Ils lui font raconter ses infortunes, le travail auquel il est contraint, et lui promettent ironiquement assistance. À ce moment on voit défiler en longues théories dans le fond de la grotte le peuple des Nibelungs, ployant sous le poids des trésors réunis par les ordres d’Alberich ; celui-ci injurie ses frères et les pousse devant lui à coups de fouet ; mais quand il aperçoit les deux nouveaux venus, c’est vers eux qu’il tourne ses invectives, les prévenant, lorsqu’il les a reconnus, des projets de vengeance qu’il a formés contre leur race, maintenant qu’il a la toute-puissance. Wotan, outré, lève sa lance sur l’audacieux ; mais Loge, plus retors et plus politique, arrête ce mouvement de colère du dieu, et, s’adressant au nain, le félicite sur son