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même avait pourtant désiré, espérant y retenir son volage époux.

Wotan lui promet de ne point abandonner Freïa, qui arrive éplorée et poursuivie par Fafner et Fasolt. Elle appelle à son aide les dieux ses frères ; un débat s’élève entre eux et les géants, et menace de s’envenimer, lorsque apparaît Loge, qui avait été parcourir le monde, à la recherche d’une compensation à offrir aux constructeurs en échange de la radieuse divinité. Mais Loge n’a rien trouvé que l’on puisse préférer à la femme et à la jeunesse. Un seul être, le nain Alberich, a renoncé à ces biens précieux pour l’Or qui donne la puissance, et il a maudit l’amour. Loge raconte le rapt du trésor par le gnome et les lamentations des filles du fleuve, qui implorent l’assistance du maître des dieux. Les géants, ayant entendu ce récit, sont frappés de convoitise ; ils se concertent à l’écart et proposent d’échanger Freïa contre l’Or du Rhin. Ils mettent Wotan en demeure de se le procurer pour le leur donner, et emmènent la déesse en otage, se réservant de la garder si le trésor ne leur est pas promptement livré. À peine ont-ils entraîné Freïa, les dieux commencent à dépérir, car elle seule savait cultiver les Pommes d’Or qui leur donnaient la jeunesse éternelle[1] Wotan prend alors la résolution de descendre au sombre royaume des Alfes et d’y conquérir l’anneau, non pour le rendre aux Nixes, mais pour en faire la rançon de la déesse. Accompagné de Loge, il s’enfonce au milieu des rochers dans les entrailles de la terre à la recherche du Nibelheim.

  1. Loge seul conserve sa vigneur, car, en sa qualité de dieu secondaire, il ne participait point à la nourriture régénératrice. C’est à cause de son infériorité que nous le verrons, dans la suite du drame, séparer sa cause de celle des autres dieux.