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se dispute et bataille avec son voisin : les femmes s’en mêlent en reconnaissant leurs maris, leurs frères ; la bagarre est à son combl», le tumulte général, tout le monde crie, est excité, on ne voit de tous côtés que nez qui saignent et yeux pochés. Madeleine, de sa fenêtre, est arrivée à faire lâcher prise à David, qui tapait toujours sur Beckmesser ; mais Pogner, qui croit voir en elle Eva, dont elle a les vêtements, la fait rentrer dans la maison et lui enjoint de se tenir tranquille, puis il descend au rez-de-chaussée et paraît sur le seuil de sa porte. Depuis le commencement de la bagarre, Eva et Walther, pleins d’inquiétude, sont restés blottis sous le tilleul ; mais, profitant du tumulte général, ils songent de nouveau à la fuite ; le chevalier s’avance l’épée à la main, suivi de sa compagne, pour se frayer un chemin parmi la foule à la faveur de la nuit, car la lampe du cordonnier n’éclaire plus la scène ; mais Sachs, qui n’a cessé de surveiller les tourtereaux et vient de faire lâcher prise à David en l’envoyant d’un coup de pied rouler dans la boutique, tandis que Beckmesser tout éclopé s’enfuit au plus vite, Sachs s’avance au milieu de la rue et pousse Eva vers sa maison, où l’orfèvre, croyant reconnaître Madelon, la reçoit et l’enferme vivement ; Hans alors saisit Walther par le bras et l’entraîne dans sa boutique, dont il ferme la porte derrière lui. À ce moment, les compagnes des belligérants ont l’idée, pour calmer ces furieux, de les arroser d’eau en criant : « Au feu ! » La déroute alors commence ; puis on entend au loin la trompe du veilleur de nuit qui se rapproche peu à peu ; les bourgeois, compagnons et apprentis prennent peur, se dispersent en un clin d’oeil et disparaissent dans leurs maisons, dont ils ferment rapidement fenêtres et portes, de sorte que, quand le veilleur arrive sur la place pour inviter les habitants au repos, le quartier a repris son calme accoutumé ; le bon-