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TRISTAN ET ISEULT

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Iseult, princesse d’Irlande, a été autrefois fiancée à Sire Morold, chevalier irlandais, qui, allant guerroyer en Cornouailles, a trouvé la mort dans un combat avec Tristan, le neveu du roi Marke. L’adversaire peu généreux a eu la cruelle ironie d’envoyer la tête de sa victime à la princesse, qui a découvert dans la plaie profonde un éclat d’acier provenant de l’arme du meurtrier.

Mais Tristan, au cours de la lutte, a été lui-même atteint par la lame empoisonnée de Sire Morold, et sa blessure ne veut pas se fermer ; alors il se souvient que la jeune souveraine d’Irlande a le secret de baumes précieux, seuls capables de guérir son mal, et il décide d’aller lui demander le secours de sa science.

Il se fait conduire en barque, mourant, jusqu’en Irlande, et, se présentant comme un inconnu à Iseult, sous le nom de Tantris, il implore son assistance. La jeune princesse, émue des souffrances du moribond, le soigne avec dévouement ; mais un événement imprévu lui fait un jour découvrir la vérité : l’épée de Tantris est celle qui a donné la mort à son fiancé, car à sa lame est une brèche se rapportant exactement au fragment d’acier trouvé dans la blessure de Morold.

Indignée, Iseult brandit l’arme sur la tête de l’imposteur ; elle va lui porter le coup fatal, lorsque leurs yeux se rencontrent : le regard de Tristan supplie, et Iseult lui fait grâce. Elle tait à tous le secret qu’elle a découvert ; Tristan retournera sain et sauf dans son pays et délivrera la princesse de sa vue odieuse. Le chevalier part, après